TEMPLIERS Les Templiers d'Hargimont

 

Ferme de la Commanderie à Hargimont


LES TEMPLIERS D'HARGIMONT


La Commanderie d'Hargimont : un bastion templier en terre luxembourgeoise

Nichée au cœur de la Famenne, sur l'actuelle commune de Marche-en-Famenne, la commanderie d'Hargimont fut l'un des établissements majeurs de l'Ordre du Temple sur le territoire de la Belgique actuelle. Fondée à la fin du XIIe siècle, elle a joué un rôle économique et spirituel notable pendant plus d'un siècle, avant de connaître le même sort que l'ensemble des biens templiers. Son histoire est celle d'une implantation réussie, d'une gestion agraire prospère et d'une transmission mouvementée.

Une fondation princière pour le salut de l'âme

L'histoire des Templiers à Hargimont débute officiellement en 1191. Cette année-là, Henri II dit l'Aveugle, comte de Namur et de Luxembourg, fit don de son fief d'Hargimont aux "Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon". Cet acte de piété, courant à l'époque, visait à obtenir « la rémission de ses péchés et le repos de l'âme de ses prédécesseurs ».

La donation initiale, datée de Trèves le 19 juillet 1191, était conséquente : elle comprenait un manoir, 52 bonniers (une ancienne mesure agraire) de terres et de bois, ainsi que des droits de pêche, de pâturage et de basse justice. Cette implantation stratégique permettait à l'Ordre de s'ancrer durablement dans la région. La commanderie d'Hargimont dépendait hiérarchiquement de la commanderie de Villers-le-Temple, située en Hesbaye.

Un domaine agricole et économique florissant

Contrairement à l'image purement militaire qu'on leur associe souvent, les commanderies templières en Europe occidentale étaient avant tout des centres de gestion agricole et économique. Hargimont n'échappait pas à cette règle. Sa principale vocation était l'agriculture et surtout l'élevage.

Le domaine s'est d'ailleurs agrandi au fil des ans, notamment en 1248 grâce à une donation du seigneur Ponsard de Soyen. Un inventaire détaillé, réalisé en 1313 après la dissolution de l'Ordre, permet de mesurer la richesse de la commanderie. Elle comprenait alors :

72 bonniers de terre arable

21 bonniers de petits bois

7 bonniers de prés pour le bétail

Des revenus annuels de 100 chapons et 50 sous tournois

La dîme du village, évaluée à 15 muids de blé

Un moulin rapportant 15 muids de mouture

Ce domaine formait un véritable petit village, octroyant certains droits aux paysans qui y vivaient et travaillaient.

La fin de l'ère templière et la succession des Hospitaliers de Saint-Jean

L'histoire de la commanderie bascule au début du XIVe siècle avec le procès retentissant intenté à l'Ordre du Temple par le roi de France, Philippe le Bel. Suite à la dissolution de l'Ordre par le pape Clément V, une bulle pontificale de 1312 ordonna le transfert de tous les biens templiers à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (qui deviendra plus tard l'Ordre de Malte, toujours actif de nos jours). La commanderie d'Hargimont passa donc sous leur contrôle, perpétuant ainsi sa vocation agricole et domaniale pendant plusieurs siècles.

Des vestiges architecturaux aux transformations modernes

De la commanderie templière originelle du XIIe siècle, il ne subsiste aujourd'hui quasiment rien, à l'exception probable de quelques pierres réutilisées dans des constructions ultérieures. Le site a été profondément remanié au fil des siècles.

Le bâtiment actuellement visible, connu sous le nom de Château-ferme de la Commanderie, a été érigé sur l'emplacement de l'ancienne commanderie au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après la suppression (temporaire) de l'Ordre de Malte sous le régime révolutionnaire français en 1797, le site fut définitivement transformé en exploitation agricole.


"Château-Ferme de la Commanderie"
Rue de la Commanderie 31 à Hargimont


Cet imposant ensemble, réparti autour d'une cour carrée, a fait l'objet d'une importante campagne de restauration entre 1999 et 2002. Bien que les murs ne soient plus ceux des chevaliers au manteau blanc, le lieu reste imprégné de plus de 800 ans d'histoire, témoignant de la présence durable des ordres religieux militaires en Belgique.

(Sources diverses)