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| Léonard Boon et son Ambulance vers 1890 (Photo restaurée et colorisée par la Belgique des Quatre Vents)) |
LEONARD BOON
Et le carrefour Léonard à Bruxelles
L'aubergiste qui a donné son nom à un carrefour bruxellois
Le carrefour Léonard, porte d'entrée emblématique de Bruxelles, à la limite de la région flamande et de la commune d'Auderghem, doit son nom à un personnage pittoresque du XIXe siècle, Léonard Boon. Loin d'être un ingénieur ou un homme politique, il s'agissait d'un aubergiste qui, par sa simple présence et son sens de l'accueil, a durablement marqué la mémoire des lieux.
Né le 23 octobre 1842 dans une famille d'agriculteurs de Jesus-Eik (Notre-Dame-Au-Bois), Léonard Boon s'installe en 1884 à un croisement alors connu sous le nom de "Quatre-bras d'Auderghem", à l'orée de la forêt de Soignes. À 42 ans, il y établit son commerce, un estaminet des plus originaux : une grande roulotte en bois.
"À l'Ambulance", un estaminet populaire
Son établissement, baptisé "À l'Ambulance, Estaminet Léonard Boon", devient rapidement un point de repère pour les voyageurs, les cochers et les charretiers qui empruntaient la chaussée de Wavre. On s'y arrêtait pour se désaltérer et laisser les chevaux se reposer. Le nom "L'Ambulance" fait référence à la première destination de cette roulotte : c'était en fait une ambulance militaire récupérée par Léonard.
La popularité de l'estaminet de Léonard Boon était telle que le lieu a commencé à être désigné par le nom de son tenancier. On allait "Chez Léonard", et le nom est resté.
A l'Ambulance, on buvait du faro, de la kriek et de la gueuze (sucrée ou non), et on mangeait des omelettes et des tartines au fromage blanc (avec des rondelles de radis bien sûr).
Un poème en deux langues décorait l'une des parois de l'estaminet :
Ik woon hier in het bosch
Waar kan ik beter wenschen
De zegen van de Heer
En de toevlucht van de menschen ?
*
J'habite ici dans le bois
Où puis-je mieux attendre
La bénédiction du Seigneur
Et être le refuge des gens ?
Une protection royale anecdotique
Une anecdote a particulièrement contribué à la renommée de Léonard Boon. Il aurait un jour porté secours au prince Baudouin (1869-1891), neveu du roi Léopold II et alors héritier du trône de Belgique, qui se serait égaré lors d'une promenade en forêt. Cet événement lui aurait valu une certaine bienveillance et une forme de protection pour son commerce, qui était à l'origine exploité sans autorisation.
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| Le prince Baudouin (1869-1891) Frère du futur roi Albert Ier |
De la roulotte à l'auberge en dur
Cette protection prend cependant fin avec le décès prématuré du prince en 1891. Léonard Boon doit alors régulariser sa situation. Il abandonne sa roulotte, épouse Catharina Debecker (qui lui donnera trois filles), et s'installe dans une maison à quelques centaines de mètres du carrefour, sur la chaussée de Wavre, où il ouvre un café - ou plutôt une "laiterie" - en toute légalité cette fois, sous l'appellation "Laiterie des Trois Fontaines" à l'enseigne "Chez Léonard"... Il y poursuivra son activité jusqu'à sa mort en 1912.
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| "Les Trois Fontaines", Chez Léonard, sur la chaussée de Wavre (Le bâtiment existe toujours) |
Une officialisation tardive
Si l'appellation "carrefour Léonard" est entrée dans le langage courant dès la fin du XIXe siècle, son officialisation est beaucoup plus tardive. Il semblerait que le nom ait été formellement adopté en 1983, lors de l'inauguration d'un second tunnel sous le carrefour, par Lucien Outers, alors homme politique bruxellois (président du FDF) et ancien bourgmestre d'Auderghem.
Aujourd'hui, le carrefour Léonard est un nœud autoroutier majeur, bien loin de l'ambiance champêtre de l'estaminet de Léonard Boon. Son nom, cependant, continue de témoigner de l'histoire singulière de cet aubergiste qui, avec sa simple roulotte, a laissé une empreinte indélébile dans le paysage bruxellois.
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| Léonard Boon 1842-1912 |


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