STÉPHANIE DE BELGIQUE
Stéphanie de Belgique...
Née le 21 mai 1864 au château de Laeken, Stéphanie de Belgique est la seconde fille du roi Léopold II et de la reine Marie-Henriette. Enfant négligée par des parents espérant un héritier mâle, elle est pourtant propulsée vers un destin impérial. Le 10 mai 1881, à tout juste 17 ans, elle épouse à Vienne l'archiduc héritier Rodolphe d'Autriche, fils de l'empereur François-Joseph et de l'impératrice Sissi.
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| Stéphanie et Rodolphe en 1881 |
Le drame de Mayerling
Si l'union renforce les liens politiques, le mariage tourne rapidement au désastre privé. Rodolphe, intellectuel instable et débauché, la délaisse. Après la naissance de leur unique enfant, l'archiduchesse Élisabeth-Marie en septembre 1883, Rodolphe transmet à Stéphanie une maladie vénérienne qui la rend stérile, brisant l'espoir d'un héritier mâle pour l'Empire. Le drame culmine le 30 janvier 1889 : Rodolphe est retrouvé mort au pavillon de chasse de Mayerling, aux côtés de sa jeune maîtresse Marie Vetsera, dans un suicide présumé. Veuve à 24 ans, Stéphanie est ostracisée par la cour autrichienne qui la juge responsable de la mort de Rodolphe, et est en outre ignorée par son propre père, Léopold II.
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| Rodolphe d'Autriche et Marie Vetsera |
Le remariage
Elle s'éprend alors d'un noble hongrois, le comte Elemér Lónyay de Nagy-Lónya et Vásáros-Namény. Bravant la colère de Léopold II (qui la déshéritera) et la désapprobation impériale, elle l'épouse le 22 mars 1900 au château de Miramare. Ce mariage d'amour lui fait perdre son titre d'archiduchesse mais lui offre enfin la sérénité.
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| Stéphanie et Elemer |
Le couple s'installe en Hongrie au château d'Oroszvár, où ils vivent jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Chassés par l'avancée de l'Armée rouge en 1945, ils trouvent refuge à l'abbaye de Pannonhalma, en Hongrie. C'est là que Stéphanie s'éteint, le 23 août 1945, à l'âge de 81 ans, loin des fastes mais apaisée aux côtés de l'homme qu'elle avait choisi.
La place Stéphanie à Bruxelles porte son nom.
Et sa fille...
Élisabeth-Marie d'Autriche (née le 2 septembre 1883, morte le 16 mars 1963), surnommée « Erzsi », a connu un destin aussi romanesque et tragique que celui de ses parents, mais marqué par une révolte totale contre son milieu d'origine.
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| Stéphanie et sa fille Elisabeth-Marie en 1885 |
Voici ce qu'elle est devenue après le drame de Mayerling :
La rupture avec sa mère et l'enfant gâtée de l'Empereur
Après le suicide de son père Rodolphe (elle n'a alors que 5 ans), Élisabeth-Marie reste à la cour de Vienne. Lorsque sa mère Stéphanie se remarie en 1900 avec le comte Lónyay, la jeune archiduchesse, très attachée à son rang impérial et manipulée par la cour, considère cela comme une trahison. Elle rompt presque tout contact avec sa mère. Elle devient alors la petite-fille préférée de l'empereur François-Joseph, qui la gâte excessivement et lui passe tous ses caprices, ce qui forge chez elle un caractère fort, voire tyrannique.
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| Archiduchesse Elisabeth-Marie d'Autriche (vers 1910) |
Un premier mariage désastreux
En 1902, elle s'entiche du prince Othon de Windisch-Graetz, un noble de rang inférieur. L'Empereur cède à son caprice et autorise le mariage, bien que cela oblige Élisabeth à renoncer à ses droits au trône. L'union est un échec total et violent. Le couple a quatre enfants, mais vit un enfer domestique (on raconte qu'elle a même tiré sur lui un coup de revolver lors d'une dispute). Ils se séparent officiellement après la chute de la monarchie, entamant une bataille juridique féroce pour la garde des enfants.
« L'Archiduchesse rouge »
Après l'effondrement de l'Empire austro-hongrois en 1918, Élisabeth-Marie opère une métamorphose spectaculaire. Elle rencontre Leopold Petznek, un enseignant et leader du Parti social-démocrate autrichien.
Elle embrasse la cause socialiste avec ferveur, reniant l'aristocratie.
Elle devient célèbre dans la presse sous le surnom de « l'Archiduchesse rouge ».
Elle vit en concubinage avec Petznek pendant des décennies (son premier mari refusant longtemps le divorce, qui ne sera prononcé qu'en 1948). Elle épouse finalement Petznek le 4 mai 1948.
Une fin de vie amère
Vivant dans une villa du quartier de Hütteldorf à Vienne (la « Villa Windisch-Graetz »), elle passe ses dernières années recluse, entourée de ses chiens, et souffre de la goutte.
À sa mort le 16 mars 1963 (à 79 ans), elle laisse un testament vindicatif : elle lègue les objets de valeur impériaux (hérités de son père et de sa grand-mère Sissi) à l'État autrichien, mais interdit à ses propres enfants et à sa famille d'assister à ses funérailles. Selon sa volonté, elle est enterrée dans une tombe sans nom au cimetière de Hütteldorf, une ultime marque de rupture avec la dynastie des Habsbourg.





