° L'émetteur radio du château de Laeken en 1913-1914

 

L'émetteur de radiotéléphone en service à la station de radio de Laeken, en Belgique, en 1913. L'appareil utilisait un émetteur à haute fréquence développé par Riccardo Moretti et un microphone inventé par Giovani Battista Marzi. La station était sous la supervision de Robert Goldschmidt.


L’ÉMETTEUR RADIO DU CHÂTEAU DE LAEKEN EN 1913


L'Aube de la TSF en Belgique : Le rôle visionnaire du roi Albert Ier au château de Laeken

Fervent adepte du progrès scientifique et technique, le roi Albert Ier a joué un rôle pionnier et personnel dans l'introduction de la "télégraphie sans fil" ou "téléphonie sans fil" (TSF) en Belgique. Dès 1913, il a soutenu l'installation d'un puissant émetteur dans une annexe du château royal de Laeken, faisant de la Belgique l'une des nations à la pointe de cette technologie révolutionnaire, notamment dans le but stratégique de communiquer avec le Congo belge.

Un roi passionné de sciences et un projet ambitieux

Conscient de l'importance des nouvelles technologies pour le développement industriel et la communication, le roi Albert Ier s'est très tôt intéressé aux applications de la TSF. Son ambition était double : doter la Belgique d'un outil de communication moderne et, surtout, établir une liaison directe et fiable avec la colonie du Congo. Pour mener à bien ce projet, il a fait appel à l'ingénieur et physicien Robert Goldschmidt. Le roi a mis à sa disposition la "Villa Lacoste", une dépendance du domaine royal, pour y installer un laboratoire et une station d'émission.

La station de Laeken : Un émetteur de classe mondiale

Installée en 1913, la station de radio de Laeken n'était pas un simple poste expérimental. Elle était équipée de l'un des émetteurs les plus puissants du monde à l'époque, fruit des développements de l'ingénieur italien Riccardo Moretti. L'objectif principal était de franchir les milliers de kilomètres séparant la Belgique du Congo. Un jalon historique a été posé le 8 octobre 1913, lorsque la station de Laeken est parvenue pour la première fois à établir une communication télégraphique avec la ville de Boma, au Congo, sur une distance de 6 300 kilomètres (distance "à vol d'oiseau" évidemment)

Au-delà de la télégraphie, des essais prometteurs en téléphonie (transmission de la voix) ont été réalisés. Ces avancées ont culminé le 28 mars 1914 avec l'organisation d'un concert radiodiffusé depuis Laeken à l'intention de la Reine Élisabeth, marquant ainsi l'une des toutes premières émissions de divertissement en Europe. La station émettait également des programmes réguliers le samedi, qui pouvaient être captés sur des postes à galène en Belgique et dans le nord de la France.

Une fin brutale face à l'invasion allemande

L'aventure de la station de Laeken fut de courte durée. Au début du mois d'août 1914, face à l'invasion imminente de la Belgique par les troupes allemandes, le roi Albert Ier a pris la décision de faire détruire les installations. Cet ordre, bien que douloureux, était stratégique : il s'agissait d'éviter qu'un outil de communication aussi performant ne tombe entre les mains de l'ennemi.

Malgré sa destruction prématurée, la station de TSF du château de Laeken témoigne de la vision d'avenir du roi Albert Ier et de son engagement personnel en faveur de la science et du progrès. Cette initiative a positionné la Belgique comme une nation pionnière dans l'histoire de la radio, une page d'histoire technologique brutalement interrompue par la Première Guerre mondiale.


La Villa Lacoste et la grande antenne de l'émetteur

La Villa Lacoste occupée par les Allemands, et l'antenne détruite par les soins du roi Albert


(Sources diverses)


TEMPLIERS Les Templiers d'Hargimont

 

Ferme de la Commanderie à Hargimont


LES TEMPLIERS D'HARGIMONT


La Commanderie d'Hargimont : un bastion templier en terre luxembourgeoise

Nichée au cœur de la Famenne, sur l'actuelle commune de Marche-en-Famenne, la commanderie d'Hargimont fut l'un des établissements majeurs de l'Ordre du Temple sur le territoire de la Belgique actuelle. Fondée à la fin du XIIe siècle, elle a joué un rôle économique et spirituel notable pendant plus d'un siècle, avant de connaître le même sort que l'ensemble des biens templiers. Son histoire est celle d'une implantation réussie, d'une gestion agraire prospère et d'une transmission mouvementée.

Une fondation princière pour le salut de l'âme

L'histoire des Templiers à Hargimont débute officiellement en 1191. Cette année-là, Henri II dit l'Aveugle, comte de Namur et de Luxembourg, fit don de son fief d'Hargimont aux "Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon". Cet acte de piété, courant à l'époque, visait à obtenir « la rémission de ses péchés et le repos de l'âme de ses prédécesseurs ».

La donation initiale, datée de Trèves le 19 juillet 1191, était conséquente : elle comprenait un manoir, 52 bonniers (une ancienne mesure agraire) de terres et de bois, ainsi que des droits de pêche, de pâturage et de basse justice. Cette implantation stratégique permettait à l'Ordre de s'ancrer durablement dans la région. La commanderie d'Hargimont dépendait hiérarchiquement de la commanderie de Villers-le-Temple, située en Hesbaye.

Un domaine agricole et économique florissant

Contrairement à l'image purement militaire qu'on leur associe souvent, les commanderies templières en Europe occidentale étaient avant tout des centres de gestion agricole et économique. Hargimont n'échappait pas à cette règle. Sa principale vocation était l'agriculture et surtout l'élevage.

Le domaine s'est d'ailleurs agrandi au fil des ans, notamment en 1248 grâce à une donation du seigneur Ponsard de Soyen. Un inventaire détaillé, réalisé en 1313 après la dissolution de l'Ordre, permet de mesurer la richesse de la commanderie. Elle comprenait alors :

72 bonniers de terre arable

21 bonniers de petits bois

7 bonniers de prés pour le bétail

Des revenus annuels de 100 chapons et 50 sous tournois

La dîme du village, évaluée à 15 muids de blé

Un moulin rapportant 15 muids de mouture

Ce domaine formait un véritable petit village, octroyant certains droits aux paysans qui y vivaient et travaillaient.

La fin de l'ère templière et la succession des Hospitaliers de Saint-Jean

L'histoire de la commanderie bascule au début du XIVe siècle avec le procès retentissant intenté à l'Ordre du Temple par le roi de France, Philippe le Bel. Suite à la dissolution de l'Ordre par le pape Clément V, une bulle pontificale de 1312 ordonna le transfert de tous les biens templiers à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (qui deviendra plus tard l'Ordre de Malte, toujours actif de nos jours). La commanderie d'Hargimont passa donc sous leur contrôle, perpétuant ainsi sa vocation agricole et domaniale pendant plusieurs siècles.

Des vestiges architecturaux aux transformations modernes

De la commanderie templière originelle du XIIe siècle, il ne subsiste aujourd'hui quasiment rien, à l'exception probable de quelques pierres réutilisées dans des constructions ultérieures. Le site a été profondément remanié au fil des siècles.

Le bâtiment actuellement visible, connu sous le nom de Château-ferme de la Commanderie, a été érigé sur l'emplacement de l'ancienne commanderie au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après la suppression (temporaire) de l'Ordre de Malte sous le régime révolutionnaire français en 1797, le site fut définitivement transformé en exploitation agricole.


"Château-Ferme de la Commanderie"
Rue de la Commanderie 31 à Hargimont


Cet imposant ensemble, réparti autour d'une cour carrée, a fait l'objet d'une importante campagne de restauration entre 1999 et 2002. Bien que les murs ne soient plus ceux des chevaliers au manteau blanc, le lieu reste imprégné de plus de 800 ans d'histoire, témoignant de la présence durable des ordres religieux militaires en Belgique.

(Sources diverses)