LEGENDES La fontaine aux loups

 



LA FONTAINE AUX LOUPS

"Les légendes du Val d'Amblève"

Par Marcellin La Garde
(1818 - 1889)



I

Quel est celui qui, - attiré à Spa par l'amour des belles promenades et des frais paysages, ou par le soin de sa santé , - n'a pas visité le Coo, pour y admirer une véritable merveille alpestre, - l'Amblève, au milieu d'un cadre des plus splendides et des plus variés, précipitant avec fracas une partie de ses eaux dans un fond, où l'autre partie vient silencieusement la rejoindre, après avoir formé une longue et brillante ceinture autour d'une île escarpée ?
Or, à peu de distance de la cascade du Coo, en allant vers Spa par Roanne, se trouve, tout près du chemin, la Fontaine aux loups, qui n'offre rien de remarquable par elle-même, mais à laquelle, si vous passez par là, vous jetterez assurément un regard, et dont vous goûterez peut-être l'eau fraîche et limpide, quand vous connaîtrez les circonstances auxquelles elle doit son nom, et les propriétés qu'on lui a prêtées longtemps.
La cascade a vu passer deux ou trois générations depuis qu'un riche cultivateur du Coo, Gilles Benoît, donna un bal à tous les jeunes gens du village, à l'occasion du mariage de sa fille unique avec le fils d'un de ses voisins. C'était au cœur d'un hiver rigoureux, la rivière était en partie prise par les glaces, la bise soufflait, et une neige épaisse emplissait la vallée et blanchissait le sommet des montagnes. On avait fait venir un ménétrier de Stavelot, mais comme il n'avait pas paru au repas de noces, on supposa bien qu'il n'avait osé se mettre en route par un pareil temps, et on dut recourir à celui de la Gleize. Dès que six heures sonnèrent, le violon se mit à préluder à la contredanse qui allait commencer, à la grande joie des invités.
Au moment où chacun recrutait sa danseuse, Benoît dit à un grand garçon qui restait immobile sur le banc placé le long du mur:
— Quoi !  Bertrand, tu ne danses pas, toi qui es aussi vaillant des jambes que des bras, c'est tout dire :  serais-tu malade, compère?
Bertrand rougit et balbutia quelques mots inintelligibles.
— Ah! père Benoît, dans quel embarras vous le mettez lui dit une jeune fille à la mine éveillée. Ne savez-vous donc pas qu'il ne peut danser qu'avec Louise Gilet, et gare à lui, s'il se montrait désobéissant!
— Alors il pourra se reposer pendant toute la soirée, ajouta la nouvelle mariée, qui était présente à l'entretien ; car, pour sûr, Louise ne viendra point.
— Pourquoi?
—Mais vous ne savez donc pas dans quel chagrin l'on se trouve à la métairie d'Antoine Gilet ? Antoine, parti pour Verviers il y a quatre jours, devait revenir le lendemain, et, à cette heure, on est encore à l'attendre. Comment veut-on que Louise et sa sœur Thérèse aient le cœur de s'amuser quand leur pauvre père est peut-être mort dans les fagnes?
— Ainsi, reprit une troisième jeune fille d'un air narquois, tu vas être obligé, Bertrand, de faire galerie avec les vieilles mères et les vieux papas. Voilà ce que c'est de jurer qu'on ne fera pas ceci ou cela pour plaire à sa belle : on s'en repent après.
— Allez toujours, allez toujours, dit Bertrand ; je danserai autant que pas un ici, car Louise viendra, et je suis surpris qu'elle ne soit pas encore arrivée.
—' Elle ne viendra pas !  s’exclamèrent plusieurs voix en même temps.
— Je vous dis que si, moi ; j'en suis sûr.
Cette affirmation si positive excita des murmures; un vieillard prononça même ces paroles :
— Son devoir de brave fille est de ne pas venir.
Une discussion allait s'engager, quand le ménétrier, juché dans l'embrasure d'une fenêtre, après avoir accordé à grand'peine son instrument, prononça d'une voix de stentor le: « Prenez vos dames! » qui était le signal si vivement attendu.
A peine la contredanse avait-elle commencé, qu'on entendit la porte extérieure s'ouvrir avec fracas, et un paysan, la tête enveloppée dans un bonnet de coton bleu qui lui descendait jusque sur les yeux, s'élança au milieu du quadrille et tomba plus mort que vif sur la première chaise qui se trouva à sa portée.
Cette singulière irruption avait jeté le trouble et l'inquiétude dans l'assemblée; mais le nouveau venu ayant levé son bonnet, on fut bientôt rassuré.
— Tiens! s'écria-t-on de toutes parts, c'est Jean-Noël qui a voulu nous effrayer.
— Vous effrayer, dit Jean-Noël d'une voix entrecoupée, non pas, mes amis, non pas; je suis trop ému moi-même pour songer à rire!... Si vous saviez...
— Quoi donc? parle!
— Je viens de me trouver en face de deux grands loups...
— Des loups! dirent les jeunes filles en pâlissant d'effroi; conte-nous vite cela, Jean-Noël... Que tu es heureux d'avoir échappé! car, d'après tout ce qu'on raconte, ils sont bien méchants cet hiver.
— Oui, très-heureux, en effet, comme vous allez voir. J'ai quitté le moulin du Ruy à la nuit tombante, parce que je voulais m'arrêter à Roanne pour y dire une prière sur la fosse de ma grand'mère, comme je le dois en qualité de fils et de chrétien. Arrivé devant le cimetière, le diable sans doute m'a inspiré l'idée de passer outre, parce qu'il faisait froid et que la fosse était cachée sous la neige. J'ai failli payer cher l'oubli de ce devoir, car, arrivé à mi-chemin, entre Roanne et le Coo, je vois, sur le rebord delà route une masse immobile dans laquelle je reconnais un loup qui semblait à l'affût. Bah! me dis-je, je me priverai de danser chez le père Benoît, et m'en retournerai tranquillement au Ruy. Mais voilà qu'à peine ai-je tourné les talons, je vois un autre loup s'avancer vers moi. J'étais, comme on dit, entre deux feux. Vous expliquer ce que je sentais, la chose est inutile, je pense : vous le comprendrez en vous mettant à ma place. Que j'avance ou que je recule, me dis-je, je me jette toujours dans la gueule du loup. Tout à coup il me vient une idée : c'est de ne faire ni l'un ni l'autre, de me frayer un passage dans la neige, le long de la descente, à droite du chemin, et de tourner ainsi les terribles ennemis que j'avais devant et derrière moi. Le moyen n'était pas mauvais, puisque me voici. Mais quand j'ai été à une certaine distance, je suis monté sur un arbre pour voir ce qu'étaient devenues les deux vilaines bêtes : elles n'avaient pas changé de place... de sorte qu'il ne fera pas bon pour ceux qui auront à passer par là ce soir, car il y a trois jours, la fille du maçon du Sart a été...
Pendant que Jean-Noël parlait, une vive émotion s'était peinte sur le visage de Bertrand, qui, aux derniers mots du narrateur, s'écria vivement:
— Voyons! il ne faut pas que ces loups restent là. Nous devons aller leur faire la chasse. Qui m'accompagnera?
Tous les hommes se regardèrent, mais personne ne souffla mot.
Bertrand reprit d'une voix frémissante:
— Allons donc! qu'on se décide; il est peut-être déjà trop tard!... L'intérêt de tout le village est d'ailleurs ici en jeu.
Il ne fut pas plus répondu à ce second appel qu'au premier.
— Puisque c'est ainsi, j'irai seul, dit-il en jetant un regard de mépris vers l'assemblée. Dieu me tiendra compte de mon action, comme, en cas de malheur, il vous tiendra compte, à vous, de votre refus.
Et il s'élança hors de la maison avant que personne eût songé à le retenir, tant cette brusque et hardie résolution avait bouleversé tout le monde.
Deux ou trois jeunes gens, après s'être consultés, voulurent suivre le courageux Bertrand; mais les mères, les sœurs, les fiancées intervinrent, et force leur fut de rester.
— C'est l'amour qui le pousse, dit-on; comme il l'aime, cette Louise!
On forma des vœux pour Louise et pour Bertrand, et les danses recommencèrent. Mais chacun était visiblement ému et inquiet, et plusieurs même éprouvaient un secret remords d'avoir laissé le jeune homme partir seul pour une si dangereuse expédition.

II

Antoine Gilet, cultivateur aisé, qui habitait avec ses deux filles, Louise et Thérèse, une maison isolée entre Roanne et le Coo, avait projeté, depuis plusieurs semaines, de faire le voyage de Verviers, où l'appelaient des affaires pressantes. Un matin, voyant que le temps était favorable et que la gelée avait durci la neige, il se mit en route, avec promesse d'être de retour le jour d'après.
Mais, dans la nuit qui suivit son départ, la température changea tout à coup, et il recommença à neiger de plus belle. Le soir, on attendit vainement Antoine.
Le surlendemain, ses filles obtinrent à grand'peine que deux habitants du village, moyennant trois couronnes, iraient jusqu'à Verviers, à la recherche de leur père.
Assise au coin du feu, Thérèse attendait avec anxiété leur retour, tandis que sa sœur Louise était occupée à repasser une collerette.
Les deux jeunes filles n'avaient en elles rien qui pût faire deviner qu'elles étaient sœurs : Thérèse, pâle, frêle et blonde, annonçait la douceur et la mélancolie; Louise, l'aînée, était une brune piquante dont la physionomie avait quelque chose de dur et d'impérieux.
— Comme tu te presses, Louise! dit Thérèse en voyant que sa sœur, après avoir fini de repasser la collerette, allait entreprendre de plisser un bonnet.
— Eh! répondit celle-ci, voilà déjà qu'il est cinq heures; on m'attend au Coo, chez Gilles Benoît, pour six heures.
— Comment, ma sœur, dans un pareil moment, tu songerais à aller danser?
— Pourquoi pas? reprit sèchement Louise.
— Alors que peut-être notre pauvre père...
Thérèse n'acheva pas; les sanglots étouffèrent sa voix.
— Qu'est-ce que ça peut y faire, que je danse ou non? dit Louise. C'est quand on a du chagrin qu'il faut chercher le plaisir.
En ce moment on frappa à la porte; Thérèse, au comble de l'émotion, alla ouvrir en chancelant.
Deux hommes entrèrent. La jeune fille regarda avidement derrière eux pour voir si personne ne les suivait. Elle ne vit rien. Elle interrogea les nouveaux venus d'un regard plein d'angoisse.
— Il a quitté Verviers avant-hier, vers trois heures... c'était tard, dit l'un d'eux.
Thérèse se sentit défaillir.
— Mais, se hâta de reprendre le second en faisant un signe à son compagnon, il parlait aussi, avant son départ, de se rendre à Herve... il y sera bien sûr allé, et on l'aura retenu.
Thérèse tomba accablée sur sa chaise en s'écriant:
— Non! non! c'est un vain espoir... Pauvre père! pauvre père! il sera mort dans la neige...
Et elle sanglota à se briser la poitrine.
Pendant ce temps, il eût été difficile de saisir ce qui se passait dans l'âme de Louise; ses sourcils s'étaient bien froncés, mais le reste de son visage était resté calme.
— Allons, allons, Thérèse, dit-elle, tu es désolante avec tous ces airs... Quand on t'affirme qu'il est bien sûr allé jusqu'à Herve... pourquoi veux-tu absolument voir les choses du mauvais côté?
— Insensée, reprit Thérèse , crois-tu qu'il nous laisserait dans cette inquiétude?... Ah! tu devrais mieux connaître son cœur...
Elle ne put en dire davantage.
Les deux hommes se retirèrent silencieusement, émus eux-mêmes de cette poignante douleur.
Louise se remit à son repassage. Quand elle eut fini, elle se rendit dans la chambre voisine, et au bout d'un quart d'heure, elle reparut en costume des dimanches.
Thérèse, qui s'était tenue assise près du foyer, la tête dans ses mains et le visage inondé de larmes, fit un geste de profonde surprise en voyant sa sœur:
— Est-ce possible, tu songerais encore à aller danser après les tristes nouvelles que nous venons d'apprendre ?... Ce serait un grand péché!
La promise de Bertrand se mordit les lèvres rougit et balbutia quelques mots pour dire qu'elle était engagée, et qu'il n'était pas certain, d'ailleurs, qu'elle danserait.
— N'importe, observa Thérèse; se montrer dans un bal, en un tel moment, cela ne peut pas être... Je ne sais pas comment tu peux même y songer; puis tout le monde te jettera la pierre, sois-en persuadée.
— Mais, répondit Louise avec un embarras croissant, c'est toi qui t'imagines qu'un malheur est arrivé à notre père... Nous ne savons rien, et tu veux que nous fassions comme si c'était réel! Tu es ridicule, après tout.
— Soit, mais le doute seul n'est-ce pas déjà une bien grande douleur, et ne commande-t-il pas de nous recueillir et de prier?...
— Ce sont de mauvaises raisons, dit Louise d'un ton qui trahissait une sourde colère de se voir contrariée; si tu aimes à vivre comme une béguine, fais-le; seulement laisse agir les autres à leur goût : je ne vois pas qu'il y ait du mal à rechercher la société, parce qu'on aurait quelque raison d'être triste; bien au contraire.
Et en disant cela, elle se dirigea vers la porte.
— Ainsi, Louise, tu es décidée?
— Oui.
— Oh! ma sœur, je t'en supplie, reste avec moi; prions pour que Dieu nous rende sain et sauf notre père bien-aimé, s'il est encore en vie, ou qu'il le reçoive en sa divine miséricorde, s'il est mort sans secours, abandonné dans la fagne, mort de faim et de froid, peut-être sous la dent des loups...
Mais Louise tenait déjà en main le pommeau de la porte.
— Songe au moins à toi alors, reprit Thérèse. Faire seule, à cette heure, un trajet de plus d'une demi-lieue, le long d'un bois...
Louise n'entendit pas les dernières paroles de sa sœur : elle avait franchi le seuil de l'habitation et courait déjà vers le Coo.
— Sainte Vierge, pardonnez-lui, car elle ne sait ce qu'elle fait! s'écria la bonne Thérèse en se jetant à genoux devant une image de la mère du Christ.
Il y avait à peu près vingt minutes que Louise avait quitté la maison paternelle, lorsque Thérèse entendit frapper violemment sur le volet de la fenêtre. Elle demanda qui était là.
— Moi, Bertrand, répondit une voix haletante, ouvrez vite.
En effet, c'était Bertrand, armé d'un fusil à deux coups et d'une fourche.
— Jésus!  s’exclama Thérèse, pourquoi êtes-vous ainsi armé?
— Où est Louise? demanda vivement le jeune homme en parcourant la chambre des yeux.
— Elle a voulu absolument aller au Coo, malgré mes instances.
— Au Coo! dit Bertrand d'un air consterné. Mais non, c'est impossible !...
— Certainement qu'elle y est allée... Mais qu'avez-vous donc ?  vous pâlissez, vous tremblez...
Et, en effet, Bertrand s'était jeté sur une chaise comme si ses jambes ne pouvaient plus le supporter.
— Les loups !  les loups !  s'écria-t-il !  ô mon Dieu!..'
— Que dites-vous là, Bertrand, expliquez-vous, de grâce?
— Je suis accouru, parce que Jean-Noël, du Ruy, est arrivé chez Gilles à moitié mort de peur pour avoir rencontré sur sa route deux énormes loups. Je ne les ai pas vus, mais je n'ai pas rencontré Louise non plus. Comprenez-vous?...
Un jour affreux se fit soudainement dans l'esprit de Thérèse. Elle prit un jupon, le plaça sur ses épaules en forme de mantelet, et dit à Bertrand:
— Vite, vite, partons!
— Mais j'irai seul; à quoi bon vous exposer? Vous ne pouvez m'être d'aucun secours.
Pour toute réponse, l'héroïque jeune fille prit une longue épée suspendue près de la cheminée, trophée que gardait son père, qui avait été au service de l'Autriche. Quelqu'effort que fît Bertrand, afin de la retenir, elle voulut absolument l'accompagner pour aller à la recherche de sa sœur.
Ils prirent le chemin qui conduisait au Coo, et comme la lune venait de se lever, ils s'efforcèrent de découvrir dans la neige les traces des pas de Louise. Ils y parvinrent et les suivirent jusqu'à une grande distance. Puis ils les perdirent tout à coup de vue, mais ils remarquèrent, avec un indicible serrement de cœur, que la neige, à gauche du sentier, semblait avoir été balayée...
Tout à coup Bertrand, qui marchait en avant, entendit un bruit étrange dans les taillis, a quelque distance: il se mit a crier :
- Louise, est-ce toi?
Personne ne répondit, mais le bruit continua, bruit inexplicable et qui ne ressemblait a aucun de ceux qui peuvent troubler le silence des solitudes ardennaises.
Bertrand fit alors signe a sa compagne de ne pas bouger et s'avança en rampant. Puis soudain deux coups de feu, tirés presque simultanément, retentirent dans les profondeurs de la vallée, et le jeune homme disparut derrière les cépées, où se fit entendre aussitôt un cri rauque, désespéré, effrayant.
Thérèse se hâta d'accourir.
Qu'on juge de l'horreur du spectacle qui frappa ses regards :
Dans un enfoncement, le long de la côte, près d'une fontaine , elle vit , étendus sur le sol et formant un groupe sans nom, un groupe indescriptible, Bertrand évanoui, deux animaux monstrueux qui râlaient, et le corps de sa sœur, affreusement déchiré, au milieu d'une mare de sang
A la fonte des neiges, on trouva dans la fagne, au-dessus de Spa, des ossements épars, mêlés à des lambeaux de vêtements qu'on reconnut appartenir au malheureux Antoine Gilet, qui, selon toute vraisemblance, avait été attaqué et dévoré par des loups affamés. Toujours est-il qu'on prétendit que le ciel, en faisant mourir Louise de la même manière que son père, avait voulu la punir de son manque de piété filiale.
Quant à Thérèse, elle épousa Bertrand, et la Fontaine aux Loups devint pour eux un but de pèlerinage, et pour la contrée un lieu célèbre, — à tel point que, pendant bien longtemps, les bonnes femmes eurent pour coutume de faire boire à leurs enfants de l'eau de cette fontaine, de préférence à toute autre, parce qu'elle leur donnait, prétendaient-elles, du courage et plus de cœur pour leurs parents.
— La drôle de superstition, n'est-ce pas, monsieur? me dit en riant le malin paysan de Roanne qui me raconta cette histoire, qu'il tenait de son aïeul; mais, heureusement, ajouta-t-il, qu'elle est aujourd'hui tout à fait déracinée!
— Tant pis, répondis-je, car c'était là, au fond, un touchant hommage rendu à la mémoire de Bertrand, l'homme courageux, et de Thérèse, la fille pieuse.