TEMPLIERS Les Templiers de Bruges






LES TEMPLIERS DE BRUGES

(Comté de Flandre)


Le 23 janvier 1120, un chevalier champenois, Hugues de Payns,  et le chevalier flamand Godefroy (ou Geoffroi) de Saint-Omer constituent une milice appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, dont la mission devait être d'assurer la protection des pèlerins d'Occident se rendant en Terre Sainte depuis la reconquête de Jérusalem, ainsi que de défendre les états latins d'Orient.

Le 13 janvier 1129, au cours du concile de Troyes, cette milice se voit appuyée et confortée dans sa mission et, dotée d'une règle propre issue de la règle de saint Benoît, fondée en ordre monastique et militaire, devient enfin l'Ordre du Temple.

Très rapidement, cet Ordre installe des Maisons et Commanderies à travers le monde chrétien.

Dans ce qui s'appellera plus tard la Belgique, c'est à Ypres, en 1127, dans le comté de Flandre, qu'Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer, ainsi que sept autres chevaliers templiers, créent l'une des toutes premières commanderies de leur Ordre...

Le comté de Flandre au moyen-âge s'étendait sur les deux actuelles provinces belges de Flandre-Occidentale (Bruges) et Flandre-Orientale (Gand), sur une partie ouest de la province belge du Hainaut (Tournai, Mouscron), sur la partie nord-ouest du département français du Nord (Gravelines, Dunkerque, Hazebrouck, Cassel, Armentières, Lille, Douai), ainsi que sur le sud de l'actuelle province hollandaise de Zélande (Aardenburg, Sluis, Hulst). Fief du roi de France, le comté de Flandre manifeste constamment au cours du moyen-âge des tendances indépendantistes qui lui valent de nombreuses incursions de troupes françaises dont on peut dire, par euphémisme, qu'elles se montrèrent sans scrupules.

Et à Bruges...

A l'époque du grand réchauffement planétaire que les climatologues contemporains nomment l'Optimum médiéval, et plus précisément en 1134, un raz-de-marée ouvre un large chenal dans la terre de Flandre, qui permet à Bruges d'avoir un accès direct à la Mer du Nord. Dès cette époque, la Venise du Nord devient un port international de première importance :  le commerce maritime s'organise, des navires en provenance d'Angleterre, de Gascogne, des villes de la Hanse, de Suède, de Gênes, de Venise, de Florence, de Castille, du Portugal, de l'Ecosse, accosteront à Bruges, qui deviendra le plus important port commercial du Nord de l'Europe. On exportera entre autres depuis Bruges les vins de Liège, de Namur, de Huy, de Tournai, de Seilles, d'Amay, de Louvain, etc, dont la production abondante avait été rendue possible grâce aux températures beaucoup plus élevée que celles que nous connaissons de nos jours...

Lorsque les Templiers s'installent à Bruges, au lieu nommé Tempelhof, près de Schipsdael-lez-Bruges (Scheepsdale), mais également à la rue des Teinturiers, au Marché aux Poissons, à l'Hôpital des Pauvres (nommé ensuite "Hôpital de Saint-Jean"), et au lieu-dit Westmeersch près du béguinage, ils participent à cette expansion commerciale et à cet enrichissement de la ville de diverses manières, notamment par le contrôle qu'ils auront eu - par droits de péage - d'une grande partie du trafic maritime.

L'Ordre du Temple étant rattaché à la règle de saint Benoît, les Maisons et Commanderies étaient généralement "jumelées" avec une abbaye bénédictine proche. Les Templiers de Bruges seront de ce fait en rapport étroit avec l'abbaye cistercienne de Ter Doest à Lissewege, village proche situé sur l'une des routes du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle (L'église de Lissewege, monumentale pour le lieu - trois cents habitants à l'époque -,  fut d'ailleurs érigée par les Templiers). 

En 1148, Thierry d'Alsace, comte de Flandre, - qui fondera la Maison du Temple de Douai en 1155 -, fait transporter, de Jérusalem à Bruges, quelques gouttes du Saint-Sang du Christ. Ce sont les Templiers de Bruges qui escorteront cette relique, toujours présente à la Basilique du Saint-Sang de cette ville. Une légende dit que ce sont d'ailleurs des Chevaliers de l'Ordre du Temple qui découvrirent ce précieux sang, dans un récipient de pierre de la Sainte-Tombe, à proximité du temple de Salomon, en présence même de Thierry d'Alsace et de Sybille, sa femme, qui, à ce moment précis, aurait eu une vision de la Jérusalem céleste sous la forme d'une "nouvelle Jérusalem de l'Occident"... qui n'était autre que Bruges.

La légende chrétienne du Saint-Sang se réfère à deux évènements, sans que l'on sache trop lequel prédomine sur l'autre :  1° il s'agirait du breuvage que le Christ offre à ses disciples lors de la Dernière Cène; 2° il s'agirait du sang recueilli par Joseph d'Arimathie sur le corps même du Christ, après la Crucifixion. Quoiqu'il en soit,  ce précieux sang sera à l'origine du mythe du Graal et du cycle des Chevaliers de la Table Ronde, dont Chrétien de Troyes tirera son Perceval ou l'histoire du Graal, à la demande de son patron, Philippe d'Alsace, comte de Flandre, et fils de Thierry. 


Charles Saint-André


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LE TEMPLE-LEZ-BRUGES OU TEMPELHOF

Extrait de "Les commanderies du Grand-Prieuré de France" 
Par Eugène Mannier 
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872

(Nota bene : On rappellera ici que l'Ordre du Temple fut détruit en 1307 par Philippe le Bel, et que ses possessions passèrent sous la maîtrise de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, appelé plus tard Ordre de Malte - Charles Saint-André)

Cette maison était située dans la banlieue de la ville de Bruges, sur le bord du canal d'Ostende, près de Schipsdael, au lieu nommé « Tempelhof », sur les anciennes cartes géographiques. Elle a été appelée aussi « le Temple de Schipsdael ».

Lorsque les Hospitaliers entrèrent en possession de cette maison, ce domaine comprenait 75 mesures de terre, toujours à la mesure de 300 verges, comme nous l'avons expliqué. Ils n'en cultivaient que seize, dont le rapport en 1370 équivalait à 60 sols chacune. Quant aux autres, dont une partie était située au-dessus du canal, et une autre à Vlesseghem et Dulgele, ils les affermaient à diverses personnes, 144 livres.

Une chapelle, qui dépendait du Temple de Schipsdael-lez-Bruges, fut détruite au XVe siècle pendant les guerres de religion. Le revenu de la maison de Schipsdael était, en 1370, de 196 livres ; en 1661, de 340 florins, de vingt pâtards chacun ; et en 1757, de 1,068 florins.

Plusieurs maisons dans la ville de Bruges dépendaient du Temple de Schipsdael : 
Une dans la rue des Teinturiers ; 
Une autre au marché aux Poissons ; 
Et une troisième, appelée l'hôtellerie de Saint-Jean, qui était tenue en fief, en 1370, par un homme de l'Hôpital. Mais ces maisons ne firent jamais partie de la commanderie de Caestre, et continuèrent toujours d'appartenir à celle de Slype.

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