° Les As belges de l'aviation de guerre

 

Pilotes belges du 609th Squadron de la Royal Air Force en 1941
Van Arenberg, Selys-Longchamps, Spirlet, Jean "Spyker" Offenberg, Ortmans et Lallemant. 


LES AS BELGES DE L'AVIATION DE GUERRE


L'épopée des As de l'aviation belge

L'histoire de l'aviation militaire belge est jalonnée de figures héroïques, des pilotes dont la bravoure et l'habileté ont forgé une légende dans les cieux tourmentés des deux guerres mondiales. Surnommés les "As", ces aviateurs ayant remporté au moins 5 victoires aériennes homologuées, ont non seulement défendu les couleurs de la Belgique avec un courage exceptionnel mais ont aussi, pour beaucoup, incarné un esprit de résistance et de sacrifice face à l'envahisseur.


La Première Guerre mondiale (1914-1918)

À la veille de la Grande Guerre, l'aviation militaire belge n'en est qu'à ses balbutiements, disposant de seulement 16 avions opérationnels. La mission principale est alors la reconnaissance et l'observation. Cependant, la réalité du conflit transforme rapidement ces pionniers en chasseurs redoutables, donnant naissance à la première génération d'as belges.

Les pilotes...

Willy Coppens de Houthulst : Le "Tueur de Drachen"

Le plus grand as belge de tous les temps est sans conteste Willy Coppens (Watermael-Boitsfort 1892 - Anvers 1986)

Avec 37 victoires homologuées (+ 6 non confirmées), il s'est forgé une réputation de "tueur de ballons" (les "Drachen"), ces ballons d'observation allemands lourdement défendus. Volant principalement sur des monoplaces Hanriot HD.1, il développa une technique d'attaque audacieuse, plongeant à travers le rideau de feu des batteries antiaériennes pour enflammer ses cibles. 

L'Hanriot HD.1, cet avion de chasse français, agile et léger, était son appareil de prédilection pour ses attaques contre les ballons d'observation. Il fit peindre le sien entièrement en bleu, ce qui lui valut le surnom de "Diable Bleu" par les Allemands. Avant de se spécialiser sur le Hanriot, il a également piloté des avions de reconnaissance comme le Royal Aircraft Factory B.E.2c et le Farman F.40, ainsi que des chasseurs Nieuport.

Sa carrière de pilote de chasse prit fin le 14 octobre 1918, lorsqu'il fut gravement blessé à la jambe lors d'une attaque, blessure menant à une amputation. Son courage et son palmarès exceptionnel firent de lui une véritable icône nationale.

En récompense de ses éminents services lors de la guerre, il est nommé par le roi Albert Ier "chevalier de Houthulst", du nom de cette forêt proche de Dixmude au-dessus de laquelle il a combattu de nombreuses fois.

Une rue de Watermael-Boitsfort porte son nom. Une stèle commémorative a été érigée en son honneur à la Willy Coppens Plein, à Klerken (Houthulst).


Willy Coppens et son Hanriot HD.1
Le Chardon d'Ecosse, emblème de son escadrille, toujours présent depuis 1917
dans l'aviation militaire belge, a été imaginé par André De Meulemeester,
au contact d'un régiment écossais voisin de sa base

Willy Coppens vers 1930

André De Meulemeester :  Surnommé "l'Aigle des Flandres" 

Né à Bruges en 1894 et y décédé en 1973.

André de Meulemeester fut le deuxième plus grand as de l'aviation belge de la Première Guerre mondiale, surpassé uniquement par Willy Coppens. Surnommé "l'Aigle des Flandres", il a remporté 11 victoires aériennes homologuées et près de 19 autres non confirmées au cours de 511 sorties de combat.

Engagé dans l'Aviation Militaire belge en janvier 1915, il obtient son brevet de pilote en 1916. Affecté à la 1ère Escadrille, il effectue ses premières missions sur un biplace Nieuport X. C'est cependant aux commandes du chasseur Nieuport 17 qu'il obtient ses six premières victoires. Par la suite, il est équipé d'un Hanriot HD.1 de fabrication française, avec lequel il poursuit ses succès. Reconnaissable à son avion peint en jaune vif, il était connu pour emmener son chihuahua, "Stabilo", lors de chaque vol.

Sa ténacité au combat lui a valu d'être blessé à deux reprises. Sa dernière victoire, le 5 octobre 1918, fut la destruction d'un ballon d'observation allemand. Après l'armistice, il quitte l'armée pour reprendre l'entreprise brassicole familiale.


André De Meulemeester

André De Meulemeester à bord d'un biplan Caudron G.3, avion d'entraînement et de reconnaissance

Edmond Thieffry

Né à Etterbeek en 1892 et mort dans la plaine de Baraka près d'Uvira au Congo belge en 1929.

Avocat de formation devenu une figure légendaire de l'aviation belge, Edmond Thieffry fut le premier as de la Première Guerre mondiale de son pays. Son audace et son habileté lui ont permis de remporter 10 victoires aériennes homologuées (+ 5 non confirmées) entre mars et octobre 1917. Engagé dans l'aviation militaire en 1915, il se distingua rapidement au sein de la 5e escadrille, surnommée l'escadrille de la Comète.

Il commença sa carrière sur des biplaces Voisin avant de passer sur des chasseurs Nieuport 11, puis Nieuport 17. C'est aux commandes d'un Nieuport 17 qu'il réalisa l'exploit de survoler Bruxelles, alors occupée, en janvier 1917 pour y larguer des drapeaux belges. Par la suite, il vola sur Nieuport 23 et sur SPAD S.VII, avion avec lequel il obtint sa dixième victoire.

En février 1918, son appareil fut touché lors d'un combat, le forçant à atterrir en territoire ennemi. Il passa le reste de la guerre en captivité, malgré cinq tentatives d'évasion. Après la guerre, Edmond Thieffry marqua de nouveau l'histoire en réalisant la première liaison aérienne entre la Belgique et le Congo en 1925, aux commandes d'un trimoteur Handley Page W.8f. Sa carrière s'est tragiquement terminée au Congo belge, en 1929 : alors qu'il effectuait une mission de liaison à bord d'un Avimeta, l'appareil, piloté par Gaston Julien, a été pris dans un ouragan. L'avion s'est écrasé, causant la mort d'Edmond Thieffry et du pilote. Seul le mécanicien, Eugène Gastuche, a survécu à l'accident.

Une rue d'Etterbeek porte son nom, rue Aviateur Thieffry. Une stèle commémorative surmontée de son buste a été érigée à l'avenue Boileau, dans la même commune.


Edmond Thieffry

Edmond Thieffry devant son Nieuport marqué de l'étoile rouge de l'escadrille "Comète"


Fernand Jacquet 

Né à Petite-Chapelle en 1888 et décédé à Leval-Chaudeville en 1947.

Avec 7 victoires homologuées (+ 9 non confirmées), Fernand Jacquet est une figure pionnière et emblématique de l'aviation militaire belge durant la Première Guerre mondiale. Il entre dans l'histoire en remportant, le 17 avril 1915, la toute première victoire aérienne pour la Belgique, aux commandes d'un biplace Farman F.40, en équipage avec le lieutenant Harry Vindevoghel. Il deviendra également le premier as du pays en décrochant sa cinquième victoire homologuée le 1er février 1917.

Engagé dans l'aviation en 1913, Jacquet commence le conflit en effectuant des missions de reconnaissance et de bombardement sur des biplaces Farman HF.20. C'est à bord de ce type d'appareil, en tant que pilote, qu'il obtient ses premiers succès, dépendant de l'habileté de son observateur-mitrailleur pour abattre leurs adversaires. En décembre 1916, il prend le commandement de la 1ère escadrille.

Par la suite, il vole sur des Sopwith 1½ Strutter, avion à bord duquel il a l'honneur d'emmener le Roi Albert Ier survoler la ligne de front en 1917. En 1918, il est désigné pour commander le nouveau Groupe de Chasse, qui regroupe les meilleurs pilotes belges. Son engagement se poursuivra durant la Seconde Guerre mondiale au sein de la Résistance.

Deux rues portent son nom, une à Châtelet, la Rue Fernand Jacquet, et l'autre à Suarlée (Namur), Rue du Capitaine Aviateur Jacquet.


Fernand Jacquet


Fernand Jacquet (à gauche) et son Farman 40 à la décoration insolite


Jan Olieslagers, surnommé le "Démon anversois"

Né en 1883 à Anvers et mort en 1942 à Berchem (Anvers).

Pionnier de l'aviation et héros de la Première Guerre mondiale, Jan Olieslagers, surnommé le "Démon Anversois", fut une véritable légende belge. Avant même le conflit, il s'était déjà illustré en tant que champion motocycliste, devenant le premier homme à dépasser les 100 km/h. Passionné par les débuts de l'aéronautique, il acheta un Blériot XI en 1909 et établit sept records du monde avant la guerre, notamment au Meeting National d'Aviation à l'aérodrome de Stockel en 1910, aux commandes de son Blériot.

Dès l'invasion de la Belgique en 1914, il mit ses avions et ses compétences au service de son pays. Au début du conflit, il effectuait ses missions armé d'un simple pistolet, son appareil n'étant pas équipé d'une mitrailleuse. Il remporta sa première victoire aérienne le 12 septembre 1915, aux commandes d'un Nieuport 10.

Au cours de la guerre, il pilota plusieurs appareils, notamment des Blériot XI, des Nieuport (10 et 11) et des Hanriot HD.1. Bien qu'il fût officiellement crédité de 6 victoires homologuées, son tableau de chasse réel est considéré comme bien plus élevé (+ 16 victoires non confirmées), Olieslagers portant peu d'intérêt à la confirmation officielle de ses "kills". Il participa à 97 combats aériens en 518 sorties. Après la guerre, il joua un rôle déterminant dans la création de l'aéroport d'Anvers. Le jour de son enterrement, en 1942, à l'église, la Brabançonne fut jouée en son honneur malgré son interdiction formelle promulguée par l'occupant allemand.

Son surnom de "Démon anversois" ne tire pas son origine de ses exploits aériens. Des publications de l'époque, comme le quotidien français "Le Figaro", titraient déjà avant-guerre : « Olieslagers, le Démon Anversois, est le champion incontesté de la motocyclette ». Le journal britannique "The Times" a également repris ce surnom, le qualifiant de "the Antwerp Devil".

Une avenue de Stockel (Woluwé-Saint-Pierre) porte son nom. Un "Monument Jan Olieslagers" a aussi été inauguré à proximité de l'aéroport de Deurne-Anvers. Deux autres rues belges, l'une à Termonde et l'autre à Vilvorde, portent également son nom.


Jan Olieslagers devant son Nieuport 10 baptisé "Le Démon"

Jan Olieslagers devant un Sopwith Camel marqué du chardon de la 9e escadrille (ex 1ère escadrille).


Durant la Première Guerre mondiale, les escadrilles de l'Aviation Militaire Belge étaient principalement basées dans le secteur du front de l'Yser, dans la partie non occupée de la Belgique. Des bases arrière et des écoles de pilotage étaient également établies en France.

Au début du conflit, en août 1914, les unités aériennes belges, alors appelées "Compagnie des Aviateurs", étaient initialement engagées dans la défense des positions fortifiées de Liège, Namur et Anvers. Face à l'avancée allemande, elles ont dû se replier successivement vers Anvers, Ostende et finalement Saint-Pol-sur-Mer, près de Dunkerque en France.

Avec la stabilisation du front sur l'Yser en octobre 1914, les escadrilles opérationnelles belges se sont installées dans des aérodromes situés à proximité des lignes. Les principaux terrains d'aviation utilisés furent :

Coxyde : La base de Coxyde, et plus précisément le terrain de Ten Bogaerde, est devenue un point central pour l'aviation belge à partir de début 1915. La 1ère escadrille, par exemple, s'y est installée en mars 1915.

Houthem : Ce terrain a également accueilli des escadrilles opérationnelles belges.

Les Moëres : En décembre 1916, la 1ère escadrille a déménagé sur le terrain des Moëres, également situé près de Coxyde.


A l'aérodrome de Houthem, en juillet 1918, le Prince Arthur, duc de Connaught, et le roi Albert Ier, remettent une médaille à un soldat belge.


Le 28 octobre 1918, le roi Albert Ier, à bord d'un Spad XI piloté par Henri Crombez, survole une nouvelle fois la ligne de front. L'armistice surviendra le 11 novembre à 11 heures.


La Seconde Guerre mondiale (1940-1945)

Le 10 mai 1940, l'aéronautique militaire belge est prise au dépourvu. Avec moins de 200 appareils, dont seule une soixantaine peuvent être considérés comme modernes, elle ne peut opposer qu'une résistance symbolique face à la puissance de la Luftwaffe. La plupart des avions sont détruits au sol dès les premières heures de l'invasion.


Une vingtaine d'Hawker Hurricane, récemment acquis par le gouvernement belge,
sont détruits au sol en mai 1940


Cependant, l'esprit combatif des aviateurs belges ne s'éteint pas avec la capitulation. Beaucoup parviennent à s'échapper, rejoignant l'Angleterre via la France et l'Afrique du Nord pour continuer la lutte au sein de la Royal Air Force (RAF). Intégrés dans des escadrilles britanniques (l'escadrille 609 notamment) ou formant les escadrilles belges n° 349 et 350, ils participent à toutes les batailles aériennes majeures du front de l'Ouest : la Bataille d'Angleterre, les opérations au-dessus de la France et de la Belgique occupées, le Débarquement de Normandie et la libération de l'Europe.

Après la campagne de 1940 où les pilotes belges volaient sur des appareils comme le Fairey Fox, le Fairey Firefly et le Fiat CR.42, ceux qui ont rejoint la Royal Air Force (RAF) ont été équipés du meilleur matériel britannique.

Les pilotes...

Remi "Mony" Van Lierde 

Né à Grammont en 1915 et décédé à Lessines en 1990.

Figure marquante de l'aviation belge durant la Seconde Guerre mondiale, Remi "Mony" Van Lierde s'est illustré au sein de la Royal Air Force (RAF) par ses victoires aériennes et sa redoutable efficacité contre les bombes volantes V1. Son parcours et son tableau de chasse témoignent d'un courage et d'une habileté exceptionnels.

Évadé de la Belgique occupée, il rejoint la Grande-Bretagne en juillet 1941 pour s'engager dans la RAF. Après sa formation, il est affecté en janvier 1942 au célèbre 609th Squadron, où il pilote notamment le Hawker Typhoon, totalisant 250 heures de vol sur cet appareil. Il y remporte 6 victoires aériennes homologuées contre 6 types d'avions allemands différents, dont des Messerschmitt Bf 109 et des bombardiers Junkers Ju 88.

Promu Squadron Leader, Van Lierde prend le commandement du 164th Squadron de la RAF en août 1944. Il se distingue alors brillamment dans la lutte contre les V1, devenant le deuxième pilote allié avec le plus grand nombre de ces "doodlebugs" abattus : 44 en solo et 9 en collaboration. 

Le V1 pouvait atteindre 700 km/h à l'approche de sa cible. La vitesse maximale du Hawker Tempest V, la version la plus courante, était d'environ 700 km/h (435 mph). En situation d'urgence, avec la surpuissance du moteur (WEP - War Emergency Power), il pouvait même atteindre des vitesses proches de 760 km/h. Sa vitesse était telle qu'il était l'un des rares avions alliés capables d'intercepter des V1.

Après la guerre, Rémi Van Lierde poursuivra sa carrière dans la Force aérienne belge, devenant l'un des premiers Belges à franchir le mur du son.


Remi "Mony" Van Lierde au 609th Squadron de la RAF

Remi "Mony" Van Lierde devant un Spitfire
C.O. du 350th (Belgian) Squadron RAF à Fassberg (RFA) en 1945

Raymond Lallemant 

Né à Blicquy en 1919 et décédé à Obourg en 2008.

Raymond Lallemant, surnommé "Cheval", fut l'un des plus grands aviateurs belges de la Seconde Guerre mondiale, s'illustrant au sein de la Royal Air Force (RAF). Reconnu comme un as de l'aviation, il est particulièrement célèbre pour avoir été l'un des pionniers des attaques au sol à bord du chasseur-bombardier Hawker Typhoon.

Raymond Lallemant rejoint la Grande-Bretagne en 1940 après l'invasion de la Belgique pour poursuivre sa formation de pilote. Il est affecté en septembre 1941 au No. 609 Squadron de la RAF. Au cours des années suivantes, il se spécialise dans les missions d'attaque à basse altitude, visant les chars et l'artillerie anti-aérienne allemands. À la tête du 609th Squadron, il développe des tactiques redoutables, devenant un véritable "tueur de chars". Il en inscrira 34 à son tableau de chasse.

Ses faits d'armes lui valent d'être crédité de 6 victoires aériennes confirmées. Il participe activement aux opérations du Débarquement de Normandie en juin 1944. En septembre de la même année, il est abattu au-dessus des Pays-Bas. Grièvement brûlé, il subit de multiples opérations de chirurgie plastique avant de reprendre le commandement de son escadrille avant même la fin de la guerre. Après la guerre, il poursuivra sa carrière dans l'armée de l'air belge, prenant notamment le commandement de la base de Florennes.

Un musée, aussi appelé Mémorial Spitfire, est dédié à sa mémoire à Florennes. Une plaque commémorative a été posée à sa mémoire à Chapelle-à-Oie, son village d'enfance.


Raymond Lallemant

Raymond Lallemant, dit "Cheval", devant son Hawker Typhoon armé de roquettes

Jean "Pyker" Offenberg 

Né à Laeken en 1916 et décédé à Digby (GB) en 1942

Jean "Pyker" Offenberg fut l'un des premiers as de l'aviation belge de la Seconde Guerre mondiale, s'illustrant au sein de la Royal Air Force (RAF) avant de connaître une fin tragique. Son courage et son habileté en combat aérien en ont fait une figure emblématique des aviateurs belges ayant rejoint la Grande-Bretagne pour poursuivre le combat.

Après l'invasion de la Belgique en mai 1940, Offenberg, qui pilotait alors des biplans Fiat CR.42, parvient à s'échapper vers l'Angleterre via la France et l'Afrique du Nord. Intégré à la RAF, il est d'abord affecté à l'escadrille 145 où il participe à la Bataille d'Angleterre aux commandes d'un Hawker Hurricane, avant de passer sur Supermarine Spitfire en janvier 1941. Son surnom "Peïke", issu du dialecte bruxellois, fut anglicisé en "Pyker" par ses camarades.

En juin 1941, il rejoint le 609th Squadron, qui comptait de nombreux pilotes belges, et devient le premier Belge à recevoir la prestigieuse Distinguished Flying Cross. Auteur de 7 victoires aériennes confirmées (5 en solo et 2 en collaboration), il a également à son actif plusieurs victoires probables et appareils endommagés. Jean Offenberg est décédé le 22 janvier 1942 dans une collision aérienne lors d'un vol d'entraînement. En son honneur, la base aérienne de Florennes a été officiellement nommée "Base Jean Offenberg" en 1956.

Un rond-point Jean Offenberg existe aussi à Bruxelles.


Jean "Pyker" Offenberg


Jean "Pyker" Offenberg aux commandes d'un Spitfire

Ivan "Duke" du Monceau de Bergendal, as et leader belge de la RAF

Né à Londres en 1915 et décédé à Bruxelles en 1984.

Le Comte Ivan du Monceau de Bergendal fut l'un des pilotes de chasse belges les plus décorés et un leader respecté au sein de la Royal Air Force (RAF) durant la Seconde Guerre mondiale. Crédité de 7 victoires aériennes confirmées, il a joué un rôle clé dans les escadrilles belges formées en Grande-Bretagne.

Après l'invasion de la Belgique, il rejoint l'Angleterre et intègre la RAF en juillet 1940. Après une formation initiale sur bimoteurs Airspeed Oxford, sa détermination lui permet d'être transféré vers la chasse. En avril 1941, il est affecté à la célèbre escadrille 609, volant sur Supermarine Spitfire Mk.II puis Mk.Vb. C'est aux commandes de cet appareil qu'il remporte ses premières victoires, notamment contre des Messerschmitt Bf 109 et des Focke-Wulf Fw 190.

En mai 1942, il est muté à la 350e escadrille de la RAF, la première entièrement composée de pilotes belges, où il continue d'accumuler les succès. Reconnu pour ses qualités de meneur d'hommes, il est désigné en juin 1943 pour commander la 349e escadrille, la seconde unité belge formée au sein de la RAF, qu'il mènera avec brio lors de missions offensives au-dessus du continent. Sa carrière militaire se poursuivra après la guerre au sein de la Force aérienne belge, où il atteindra le grade de général-major.


Ivan "Duke" du Monceau de Bergendal 

Ivan "Duke" du Monceau de Bergendal sur son Spitfire


Jean de Selys Longchamps, l'homme qui défia la Gestapo

Né à Bruxelles en 1912 et mort en 1943 sur la base RAF de Manston, en Angleterre.

Le baron Jean de Selys Longchamps est entré dans la légende de la Royal Air Force (RAF) pour un acte d'une audace inouïe : l'attaque en solitaire du siège de la Gestapo à Bruxelles. Cet officier de cavalerie belge, animé par un patriotisme ardent, a rejoint l'Angleterre après la capitulation de 1940 pour poursuivre le combat dans les airs.

Affecté à la 609e escadrille de la RAF, il pilote un chasseur-bombardier Hawker Typhoon. C'est aux commandes de cet appareil qu'il mène, le 20 janvier 1943, son raid non autorisé sur l'immeuble du 453 avenue Louise à Bruxelles, alors quartier général de la police secrète allemande. Volant à très basse altitude pour échapper aux défenses ennemies, il mitraille avec une précision redoutable la façade du bâtiment, tuant plusieurs officiers allemands et semant la panique.

Cet exploit, bien que constituant un acte d'insubordination, a un retentissement considérable et remonte le moral de la population belge. Pour son courage, et bien que rétrogradé par l'autorité militaire, Jean de Selys Longchamps sera décoré de la Distinguished Flying Cross. Il trouvera la mort quelques mois plus tard, le 16 août 1943, lorsque son avion, probablement endommagé par la flak allemande, s'écrase à l'atterrissage sur sa base en Angleterre.

Il est le grand-oncle de Delphine de Saxe-Cobourg, également connue sous le nom de Delphine Boël.


Jean de Sélys Longchamps avec "Spit"


Buste de Jean de Sélys Longchamps à l'avenue Louise, Bruxelles


Charles de Hepcée, pilote et héros de la Résistance

Né à Ixelles en 1911 et mort à Castelmaurou, France, en 1944

Le parcours de Charles "Charley" de Hepcée durant la Seconde Guerre mondiale est celui d'un aviateur devenu une figure centrale de la Résistance belge. Loin de se limiter au combat aérien, son engagement l'a mené au cœur des réseaux clandestins, où son courage et son mépris du danger ont marqué les esprits.

Capitaine-aviateur au moment de l'invasion allemande en mai 1940, il commande la 5e escadrille "au Faucon égyptien", équipée de bombardiers légers Fairey Battle. Après la capitulation belge, il refuse de se rendre à l'ennemi et entre immédiatement en résistance. Dès 1942, il met sur pied, avec son camarade Anselme Vernieuwe, la ligne d'évasion "Rose-Claire", permettant à des aviateurs alliés de rejoindre l'Angleterre via la France et l'Espagne. Traqué par la Gestapo, il franchit lui-même les Pyrénées à de multiples reprises avant de gagner Londres en mars 1943.

Intégré à la section belge de la Royal Air Force, il suit un ré-entraînement sur des appareils comme les Miles Master, Airspeed Oxford et Avro Anson. Cependant, son expérience inestimable dans les opérations clandestines conduit les autorités à lui confier une nouvelle mission secrète sur le continent. Arrêté en France après avoir une nouvelle fois passé les Pyrénées en avril 1944, il est fusillé par la division SS "Das Reich" le 27 juin 1944. Son corps ne sera formellement identifié qu'en 2012, et c'est le 24 juillet de cette année-là qu'il rejoindra enfin son épouse au cimetière d'Halloy-Braibant.


Charles de Hepcée, en uniforme, parmi les aviateurs de la 5ème escadrille basée à Evere

Charles de Hepcée, pilote dans la RAF


Victor Ortmans

Né à Londres en 1915 et mort à Schaffen en 1950.

Né à Londres de parents belges réfugiés, Victor "Vicky" Ortmans rejoint l'Aéronautique Militaire belge avant de s'évader vers l'Angleterre en juillet 1940 pour continuer le combat après l'invasion allemande. Intégré à la Royal Air Force, il participe à la Bataille d'Angleterre au sein du 229th Squadron aux commandes d'un Hawker Hurricane. Il est ensuite affecté au prestigieux 609th Squadron, où volent de nombreux Belges, et pilote alors un Supermarine Spitfire.

As de l'aviation, il est crédité de 7 victoires aériennes confirmées. Décoré de la Distinguished Flying Cross (DFC) britannique et de la Croix de Guerre belge, il est abattu au-dessus de la Manche en octobre 1941. Capturé après avoir dérivé blessé, il passe le reste de la guerre en captivité comme prisonnier de guerre au Stalag Luft III.

Libéré en 1945, il réintègre brièvement l'armée de l'air belge avant de devenir pilote de ligne pour la compagnie aérienne Sabena en 1946. Victor Ortmans trouve la mort tragiquement le 8 août 1950 dans un accident d'avion lors d'une démonstration aérienne aau-dessus de l'aérodrome de Schaffen.


Victor Ortmans

Victor Ortmans

Maurice Balasse

Né à Kiev (Ukraine) en 1914 et mort à Handorf (Allemagne) en 1945

Pilote dans l'armée belge avant-guerre, Maurice Balasse participe à la campagne de mai 1940 sur un bombardier léger Fairey Battle. Après la capitulation, il rentre en Belgique et s'engage dans la résistance avant de rejoindre l'Angleterre en octobre 1942. Il est alors intégré à la Royal Air Force.

Affecté à différentes escadrilles, dont la 349e (essentiellement composée de pilotes belge), il se distingue particulièrement à partir de 1944. Aux commandes de son Supermarine Spitfire, il devient un "chasseur de V1" redoutable, ces bombes volantes allemandes qui pilonnent l'Angleterre. Il est crédité de 7 victoires homologuées, dont 6 contre des V1, ce qui l'élève au rang d'as de l'aviation.

Promu au grade de Flight Lieutenant, Maurice Balasse est tué en action le 23 janvier 1945, lorsque son avion est abattu au-dessus de l'Allemagne lors d'une mission avec le 41th Squadron. Il est inhumé au carré d'honneur des aviateurs belges au cimetière de Bruxelles.


Maurice Balasse aux commandes d'un Spitfire

Lucien Boussa

Né à Glain en 1905 et décédé à Cloyes (France) en 1967.

Capitaine de l'Aéronautique Militaire belge, Lucien Boussa s'évade vers l'Angleterre en juin 1941 pour rejoindre la Royal Air Force. Après une période de formation, il sert dans plusieurs escadrilles avant d'être affecté à la 350e escadrille, la première unité de la RAF entièrement composée de pilotes belges, dont il prendra le commandement en décembre 1942. Aux commandes de son Supermarine Spitfire, il se distingue comme un as de l'aviation, bien que ses victoires exactes soient sujettes à débat, plusieurs sources le créditant de la destruction de plusieurs appareils ennemis. On estime généralement qu'il a compté 7 victoires en combat aérien à son actif.

Au début de l'année 1944, son parcours prend un tournant inattendu lorsqu'il est transféré au Special Air Service (SAS). Parachuté en France occupée, il accomplit des missions de renseignement et met en place des camps d'évacuation pour les aviateurs alliés abattus (épisode de la forêt de Fréteval, notamment). En août 1944, il organise avec succès le passage des lignes ennemies pour 157 aviateurs près du Mans.

Après la guerre, Lucien Boussa est promu Wing Commander et dirige le bureau de recrutement de la section belge de la RAF, qui est transféré en Belgique en novembre 1944. Pour ses actions exceptionnelles en tant que pilote et agent de renseignement, il est décoré de la Distinguished Flying Cross (DFC) et de la Military Cross (MC) britanniques, ainsi que de la Légion d'Honneur française. Il s'éteint en France le 13 mars 1967.


Lucien Boussa aux commandes de son Spitfire

Charles Detal

Né à Profondeville en 1914 et mort à Manston (Royaume-Uni) en 1944.

Pilote dans l'Aéronautique Militaire belge, Charles Detal est abattu et fait prisonnier le 10 mai 1940. Après s'être rétabli de graves blessures, il s'évade de Belgique et rejoint la Grande-Bretagne en mars 1942 pour intégrer la Royal Air Force. Affecté au prestigieux 609th Squadron en mars 1943, il devient rapidement l'un de ses pilotes les plus prometteurs aux commandes du puissant chasseur-bombardier Hawker Typhoon.

As de l'aviation, il est officiellement crédité de 7 victoires aériennes, incluant des chasseurs et des bombardiers allemands. Son courage et son habileté au combat lui valent de recevoir la Distinguished Flying Cross britannique ainsi que la Croix de Guerre belge. Charles Detal n'aura pas de retour à la vie civile ; il est tué accidentellement lors d'un exercice de tir le 23 mars 1944, jour anniversaire de son arrivée dans l'escadrille.


Charles Detal

Pilotes belges du 609th Squadron, à Manston, en 1944
Charles Detal est à l'extrême droite.

Jacques Philippart

Né à Mont-Saint-Guibert en 1909 et mort dans la Manche en 1940.

Pilote accompli de l'Aéronautique Militaire belge avant-guerre, Jacques Philippart s'évade vers l'Angleterre en juin 1940 après la capitulation de la Belgique. Intégré à la Royal Air Force, il est affecté au 213th Squadron et prend les commandes d'un chasseur Hawker Hurricane pour participer à la Bataille d'Angleterre. Il devient rapidement le premier as belge de la Seconde Guerre mondiale en remportant au moins 6 victoires aériennes confirmées en août 1940, abattant des bombardiers Ju 88 et des chasseurs Messerschmitt.

Décoré de la Croix de Guerre belge et de l'Ordre de Léopold à titre posthume, Jacques Philippart n'a pas eu de retour à la vie civile. Le 25 août 1940, après avoir remporté sa dernière victoire, son avion est abattu au-dessus de la Manche. Il parvient à sauter en parachute mais périt en mer. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard et il repose aujourd'hui au carré d'honneur des aviateurs belges à Bruxelles.

Une rue de Steenokkerzeel porte son nom.


Jacques Philippart aux commandes d'un appareil de l'Aéronautique Militaire Belge

Jacques Philippart

François Venesoen

Né à Anvers en 1920 et mort près de la côte normande en 1944.

Né à Anvers en 1920, François Venesoen s'engage dans l'Aéronautique Militaire belge avant la guerre. Ayant échoué à la formation de pilote, il devient mitrailleur sur biplan Fairey Fox. Lors de l'invasion de mai 1940, son unité se replie en France, d'où il rejoint l'Angleterre. Intégré à la Royal Air Force, il participe à la Bataille d'Angleterre comme mitrailleur sur des bimoteurs Bristol Blenheim.

Sa demande pour devenir pilote est finalement acceptée, et après sa formation, il réalise son rêve en étant affecté à la 350e escadrille, la première entièrement composée de pilotes belges au sein de la RAF. Aux commandes de son Spitfire, il s'illustre rapidement, notamment en abattant deux Focke-Wulf 190 lors du raid sur Dieppe en août 1942. Il vole également au sein du 610th Squadron avant de revenir à la 350e comme commandant d'escadrille.

Titulaire de la prestigieuse Distinguished Flying Cross britannique et de la Croix de Guerre belge, François Venesoen est crédité de 5 victoires aériennes. Sa carrière est tragiquement interrompue le 6 juin 1944. En mission au-dessus des plages du débarquement en Normandie, son Spitfire subit une avarie moteur, le contraignant à sauter en parachute au-dessus de la Manche. Malgré les efforts des secours, il ne sera jamais retrouvé.


François Venesoen en uniforme de l'Aéronautique Militaire Belge

François Venesoen et son épouse Pamela May Webb

André Plisnier

Né à Wandre en 1920 et décédé en 1974

André Plisnier s'engage dans l'Aéronautique Militaire belge en tant que sergent juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Surpris par l'invasion allemande alors qu'il est encore en formation, il parvient à rejoindre l'Angleterre en août 1940 pour continuer le combat. Il intègre alors la Royal Air Force (RAF) et achève sa formation de pilote.

Opérationnel fin 1941, il est d'abord affecté au 131th Squadron. En février 1943, il rejoint la 350e escadrille, la première unité entièrement composée de pilotes belges au sein de la RAF. Aux commandes de son Supermarine Spitfire, il se distingue rapidement. Il effectue de nombreuses missions de "sweep" (balayage offensif) au-dessus de la France.

Au cours de sa carrière, il vole également au sein du 336th Fighter Squadron de l'USAAF, pilotant alors des P-51 Mustang. Crédité de 6 victoires aériennes, André Plisnier est titulaire de la prestigieuse Distinguished Flying Cross britannique et de la Croix de Guerre belge. Il termine la guerre comme instructeur avant de quitter l'armée et de rejoindre la Sabena. Il est décédé en 1974.


André Plisnier

André Plisnier, surnommé "Plis"


Les aviateurs belges engagés sur le front occidental durant la Seconde Guerre mondiale ont obtenu 161 victoires confirmées et ont contribué à la destruction de 42 V1.  Au total, environ 1200 Belges ont servi dans la Royal Air Force (RAF) britannique au cours de la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, on dénombrait 521 pilotes et navigateurs. 


(Sources diverses assemblées par la Belgique des Quatre Vents)



° L'avion de chasse belge Renard R-38

 



UN AVION DE CHASSE BELGE 

LE RENARD R-38


Le Renard R-38 était un prototype d'avion de chasse monoplace conçu par l'ingénieur belge Alfred Renard dans l'entre-deux-guerres. Développé dans le cadre de la modernisation de l'aviation militaire belge, cet appareil affichait des performances remarquables pour son époque, le plaçant au niveau des chasseurs les plus réputés comme le Hawker Hurricane et le Supermarine Spitfire.

Contexte et développement

Au milieu des années 1930, l'état-major belge cherchait à remplacer ses biplans de chasse Fairey Firefly Mk.IIM, devenus obsolètes. C'est dans ce contexte que la firme Renard a développé une série de prototypes de chasseurs, dont le R-36 en 1937, suivi de ses variantes R-37 et R-38. 

Le R-38 était la troisième version, se distinguant de ses prédécesseurs par l'intégration d'un puissant moteur Rolls-Royce Merlin II.



Le premier vol du seul et unique prototype du R-38, immatriculé OO-ATK, eut lieu avec succès le 4 août 1938 à Evere, aux mains du chef pilote de la SABCA, Paul Burniat. Ce dernier aurait d'ailleurs déclaré que "les qualités de vol et les performances de cet avion le situaient entre le Hurricane et le Spitfire de la Royal Air Force"... ces deux appareils qui ont fait face avec succès aux Messerschmitt 109 et aux bombardiers de la Luftwaffe en 1940.

Caractéristiques techniques

Le Renard R-38 était un monoplan à aile basse cantilever de construction entièrement métallique, à l'exception de l'arrière du fuselage et des gouvernes qui étaient entoilées. Sa conception visait également une grande facilité de fabrication, avec un coût de revient de la cellule estimé à la moitié de celui d'un Spitfire.



Voici un aperçu de ses principales caractéristiques :

Moteur : Rolls-Royce Merlin II, 12 cylindres en V, 1030-1050 ch

Envergure : 11,64 m

Longueur : 8,80 m

Hauteur : 2,90 m

Poids à vide : 1 950 kg

Poids maximum : 2 600 kg

Vitesse maximale : 545 km/h à 5 000 m d'altitude

Plafond : 12 900 m

Autonomie : Environ 1 350 - 1 500 km

Armement : 4 mitrailleuses FN-Browning de 7,7 mm ou 13,2 mm dans les ailes, 8 bombes de 10 kg et un lance-grenades



Le refus du gouvernement belge et le choix du Hawker Hurricane

Le 17 janvier 1939, le prototype du R-36 - prédécesseur du R-38 - s'écrase près de Nivelles, tuant son pilote, le lieutenant Vicomte Eric de Spoelberch. Cet accident a eu un impact important et a conduit à l'annulation de la commande du R-36. Bien que l'enquête n'ait pas formellement mis en cause la conception de l'avion, cet événement a jeté le doute sur la capacité de l'industrie belge à produire en série un chasseur fiable et performant dans des délais serrés, alors que la menace d'un conflit se faisait de plus en plus pressante.

C'est dans ce contexte que le Hawker Hurricane est apparu comme une alternative plus sûre et immédiatement disponible, malgré l'intérêt évident des autorités pour les qualités du R-38. Des pilotes de l'Aéronautique Militaire belge avaient été envoyés au Royaume-Uni dès l'été 1938 pour évaluer les meilleurs chasseurs britanniques, dont le Hurricane et le Supermarine Spitfire. Face à l'urgence de la situation, le choix s'est porté sur le Hurricane, un appareil déjà en production de masse pour la Royal Air Force. En mars 1939, le gouvernement belge passe une commande pour vingt Hawker Hurricane I et négocie en parallèle une licence pour la production de 80 appareils supplémentaires par la société belge Avions Fairey S.A.

Ces vingt Hurricane seront malheureusement détruits au sol lors de l'invasion allemande, en mai 1940.

Un destin inachevé

Malgré des essais très prometteurs, aucune commande en série du R-38 ne sera passée avant l'invasion allemande de la Belgique. Le prototype, qui se trouvait alors en phase d'essais à Evere, fut évacué vers la France.

Son objectif était de rejoindre le Maroc, mais il aurait été abandonné sur l'aérodrome de Bordeaux-Mérignac. Récupéré par les Allemands, il aurait été signalé à Munich après la guerre, mais sa trace fut ensuite définitivement perdue. L'Administration de l'Aéronautique le radia officiellement le 26 mars 1946.

Des développements ultérieurs étaient prévus, notamment le R-40, une version améliorée dotée d'un habitacle pressurisé et largable, développée à la demande de la France. Le prototype était en cours de fabrication lorsque l'invasion a eu lieu. Le destin tragique du Renard R-38 a ainsi privé la Belgique d'un avion de chasse qui aurait pu jouer un rôle significatif au début de la Seconde Guerre mondiale.

(Sources diverses)


° L'émetteur radio du château de Laeken en 1913-1914

 

L'émetteur de radiotéléphone en service à la station de radio de Laeken, en Belgique, en 1913. L'appareil utilisait un émetteur à haute fréquence développé par Riccardo Moretti et un microphone inventé par Giovani Battista Marzi. La station était sous la supervision de Robert Goldschmidt.


L’ÉMETTEUR RADIO DU CHÂTEAU DE LAEKEN EN 1913


L'Aube de la TSF en Belgique : Le rôle visionnaire du roi Albert Ier au château de Laeken

Fervent adepte du progrès scientifique et technique, le roi Albert Ier a joué un rôle pionnier et personnel dans l'introduction de la "télégraphie sans fil" ou "téléphonie sans fil" (TSF) en Belgique. Dès 1913, il a soutenu l'installation d'un puissant émetteur dans une annexe du château royal de Laeken, faisant de la Belgique l'une des nations à la pointe de cette technologie révolutionnaire, notamment dans le but stratégique de communiquer avec le Congo belge.

Un roi passionné de sciences et un projet ambitieux

Conscient de l'importance des nouvelles technologies pour le développement industriel et la communication, le roi Albert Ier s'est très tôt intéressé aux applications de la TSF. Son ambition était double : doter la Belgique d'un outil de communication moderne et, surtout, établir une liaison directe et fiable avec la colonie du Congo. Pour mener à bien ce projet, il a fait appel à l'ingénieur et physicien Robert Goldschmidt. Le roi a mis à sa disposition la "Villa Lacoste", une dépendance du domaine royal, pour y installer un laboratoire et une station d'émission.

La station de Laeken : Un émetteur de classe mondiale

Installée en 1913, la station de radio de Laeken n'était pas un simple poste expérimental. Elle était équipée de l'un des émetteurs les plus puissants du monde à l'époque, fruit des développements de l'ingénieur italien Riccardo Moretti. L'objectif principal était de franchir les milliers de kilomètres séparant la Belgique du Congo. Un jalon historique a été posé le 8 octobre 1913, lorsque la station de Laeken est parvenue pour la première fois à établir une communication télégraphique avec la ville de Boma, au Congo, sur une distance de 6 300 kilomètres (distance "à vol d'oiseau" évidemment)

Au-delà de la télégraphie, des essais prometteurs en téléphonie (transmission de la voix) ont été réalisés. Ces avancées ont culminé le 28 mars 1914 avec l'organisation d'un concert radiodiffusé depuis Laeken à l'intention de la Reine Élisabeth, marquant ainsi l'une des toutes premières émissions de divertissement en Europe. La station émettait également des programmes réguliers le samedi, qui pouvaient être captés sur des postes à galène en Belgique et dans le nord de la France.

Une fin brutale face à l'invasion allemande

L'aventure de la station de Laeken fut de courte durée. Au début du mois d'août 1914, face à l'invasion imminente de la Belgique par les troupes allemandes, le roi Albert Ier a pris la décision de faire détruire les installations. Cet ordre, bien que douloureux, était stratégique : il s'agissait d'éviter qu'un outil de communication aussi performant ne tombe entre les mains de l'ennemi.

Malgré sa destruction prématurée, la station de TSF du château de Laeken témoigne de la vision d'avenir du roi Albert Ier et de son engagement personnel en faveur de la science et du progrès. Cette initiative a positionné la Belgique comme une nation pionnière dans l'histoire de la radio, une page d'histoire technologique brutalement interrompue par la Première Guerre mondiale.


La Villa Lacoste et la grande antenne de l'émetteur

La Villa Lacoste occupée par les Allemands, et l'antenne détruite par les soins du roi Albert


(Sources diverses)


TEMPLIERS Les Templiers d'Hargimont

 

Ferme de la Commanderie à Hargimont


LES TEMPLIERS D'HARGIMONT


La Commanderie d'Hargimont : un bastion templier en terre luxembourgeoise

Nichée au cœur de la Famenne, sur l'actuelle commune de Marche-en-Famenne, la commanderie d'Hargimont fut l'un des établissements majeurs de l'Ordre du Temple sur le territoire de la Belgique actuelle. Fondée à la fin du XIIe siècle, elle a joué un rôle économique et spirituel notable pendant plus d'un siècle, avant de connaître le même sort que l'ensemble des biens templiers. Son histoire est celle d'une implantation réussie, d'une gestion agraire prospère et d'une transmission mouvementée.

Une fondation princière pour le salut de l'âme

L'histoire des Templiers à Hargimont débute officiellement en 1191. Cette année-là, Henri II dit l'Aveugle, comte de Namur et de Luxembourg, fit don de son fief d'Hargimont aux "Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon". Cet acte de piété, courant à l'époque, visait à obtenir « la rémission de ses péchés et le repos de l'âme de ses prédécesseurs ».

La donation initiale, datée de Trèves le 19 juillet 1191, était conséquente : elle comprenait un manoir, 52 bonniers (une ancienne mesure agraire) de terres et de bois, ainsi que des droits de pêche, de pâturage et de basse justice. Cette implantation stratégique permettait à l'Ordre de s'ancrer durablement dans la région. La commanderie d'Hargimont dépendait hiérarchiquement de la commanderie de Villers-le-Temple, située en Hesbaye.

Un domaine agricole et économique florissant

Contrairement à l'image purement militaire qu'on leur associe souvent, les commanderies templières en Europe occidentale étaient avant tout des centres de gestion agricole et économique. Hargimont n'échappait pas à cette règle. Sa principale vocation était l'agriculture et surtout l'élevage.

Le domaine s'est d'ailleurs agrandi au fil des ans, notamment en 1248 grâce à une donation du seigneur Ponsard de Soyen. Un inventaire détaillé, réalisé en 1313 après la dissolution de l'Ordre, permet de mesurer la richesse de la commanderie. Elle comprenait alors :

72 bonniers de terre arable

21 bonniers de petits bois

7 bonniers de prés pour le bétail

Des revenus annuels de 100 chapons et 50 sous tournois

La dîme du village, évaluée à 15 muids de blé

Un moulin rapportant 15 muids de mouture

Ce domaine formait un véritable petit village, octroyant certains droits aux paysans qui y vivaient et travaillaient.

La fin de l'ère templière et la succession des Hospitaliers de Saint-Jean

L'histoire de la commanderie bascule au début du XIVe siècle avec le procès retentissant intenté à l'Ordre du Temple par le roi de France, Philippe le Bel. Suite à la dissolution de l'Ordre par le pape Clément V, une bulle pontificale de 1312 ordonna le transfert de tous les biens templiers à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (qui deviendra plus tard l'Ordre de Malte, toujours actif de nos jours). La commanderie d'Hargimont passa donc sous leur contrôle, perpétuant ainsi sa vocation agricole et domaniale pendant plusieurs siècles.

Des vestiges architecturaux aux transformations modernes

De la commanderie templière originelle du XIIe siècle, il ne subsiste aujourd'hui quasiment rien, à l'exception probable de quelques pierres réutilisées dans des constructions ultérieures. Le site a été profondément remanié au fil des siècles.

Le bâtiment actuellement visible, connu sous le nom de Château-ferme de la Commanderie, a été érigé sur l'emplacement de l'ancienne commanderie au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après la suppression (temporaire) de l'Ordre de Malte sous le régime révolutionnaire français en 1797, le site fut définitivement transformé en exploitation agricole.


"Château-Ferme de la Commanderie"
Rue de la Commanderie 31 à Hargimont


Cet imposant ensemble, réparti autour d'une cour carrée, a fait l'objet d'une importante campagne de restauration entre 1999 et 2002. Bien que les murs ne soient plus ceux des chevaliers au manteau blanc, le lieu reste imprégné de plus de 800 ans d'histoire, témoignant de la présence durable des ordres religieux militaires en Belgique.

(Sources diverses)