° Hommage à Jean Cocteau


Jean Marais, Maurice Béjart et Jorge Donn à Ostende en 1972


HOMMAGE A JEAN COCTEAU


En avril 1972, Bruxelles a été le théâtre d'une rencontre artistique mémorable entre l'acteur Jean Marais, le chorégraphe Maurice Béjart et le danseur étoile Jorge Donn. Ensemble, ils ont monté un spectacle-hommage à Jean Cocteau, intitulé "Cocteau et la danse", présenté au Cirque Royal. Cet événement a marqué les esprits par sa forme audacieuse et la convergence de trois talents majeurs au service de l'œuvre du poète et cinéaste disparu.

Une réunion au sommet pour célébrer Cocteau

La genèse de ce spectacle repose sur la volonté de Maurice Béjart de rendre un hommage vibrant à l'univers protéiforme de Jean Cocteau. Pour cela, il a fait appel à Jean Marais, l'acteur fétiche et compagnon de Cocteau, qui incarnait plus que quiconque la sensibilité et la poésie de son œuvre. Jorge Donn, danseur emblématique de la compagnie de Béjart, le "Ballet du XXe siècle", complétait ce trio d'exception.

Les détails précis sur les préparatifs et les répétitions restent discrets, mais la nature même du spectacle témoigne d'une collaboration étroite. Il s'agissait pour Béjart de créer un "spectacle total", une forme artistique qui lui était chère, mêlant danse, théâtre, musique et poésie pour refléter les multiples facettes du génie de Cocteau. La présence de Marais n'était pas celle d'un danseur, mais d'un "récitant en mouvement". Il portait la parole de Cocteau, incarnant sur scène "l'archetype d'un poète", une figure orphique évoluant au milieu des danseurs.

Le spectacle : "Cocteau et la Danse"

Le spectacle, présenté au public bruxellois à partir du 14 avril 1972, était une succession de tableaux inspirés par l'œuvre de Cocteau. L'un des moments forts était un ballet intitulé "L'Ange Heurtebise", qui mettait en scène Jean Marais et Jorge Donn. Dans cette pièce, Marais, vêtu d'un T-shirt et tenant une lyre, déclamait des vers, tandis que Donn, par sa danse, donnait corps à la poésie.

La critique de l'époque décrit un spectacle d'une grande richesse visuelle et émotionnelle, avec des éléments magiques et surréalistes chers à Cocteau : des enfants et des lions sortant de l'objectif d'un photographe de la Tour Eiffel, des annonceurs aux têtes de mégaphones, et des danses variées allant du cakewalk au step. Cette production ambitieuse intégrait également la participation de l'école Mudra, fondée par Béjart à Bruxelles.

Le Cirque Royal : Écrin d'un hommage mémorable

Le choix du Cirque Royal de Bruxelles comme lieu de représentation n'était pas anodin. Cette salle de spectacle populaire et prestigieuse, habituée à accueillir des événements d'envergure, offrait un cadre idéal pour ce "spectacle total". La présence de la reine Fabiola lors d'une représentation le 24 avril 1972 a souligné l'importance de cet événement culturel en Belgique.

En somme, la réunion de Jean Marais, Maurice Béjart et Jorge Donn en 1972 à Bruxelles a donné naissance à un hommage inoubliable à Jean Cocteau, un spectacle où la danse, le théâtre et la poésie se sont unis pour célébrer l'un des plus grands artistes du XXe siècle.


Jorge Donn et Jean Marais dans "L'Ange Heurtebise"

Chorégraphie de Maurice Béjart

Texte de Jean Cocteau, 

Musique de Manos Hadjidakis


Jean Marais, Maurice Béjart et la reine Fabiola au Cirque Royal en 1972, après le spectacle





TEMPLIERS Les Templiers de Slijpe (Middelkerke)

 

Fresque templière d'Arno Brys en l'église Saint-Nicolas de Slijpe
(Photo Paul Hermans)


LES TEMPLIERS DE SLIJPE (MIDDELKERKE)


La commanderie de Slijpe : Fief et centre névralgique des Templiers en Flandre

Au cœur des polders flamands, à Slijpe, aujourd'hui une section de la commune de Middelkerke, se dressait l'une des plus influentes et importantes commanderies de l'Ordre du Temple dans le comté de Flandre : la commanderie de Slijpe. Connue également sous le nom de "Commanderie de Flandre", elle fut un centre économique et spirituel majeur pour les chevaliers au blanc manteau. Son histoire, sa richesse et son héritage témoignent de la puissance de l'Ordre dans la région.



Fondation et montée en puissance au XIIIe siècle

La commanderie de Slijpe a été fondée au XIIIe siècle, sur des terres comtales. Elle est devenue rapidement le centre névralgique des activités de l'Ordre en Flandre, remplaçant une plus petite implantation à Leffinge. Son emplacement stratégique, sur des terres nouvellement gagnées sur la mer, a contribué à son essor rapide.

Le site, connu sous le nom de "Groot Tempelhof", s'étendait sur environ 5 hectares et était entièrement entouré de douves et de murs. Les fouilles archéologiques ont révélé que la commanderie avait l'allure et la taille d'un petit monastère, comprenant une chapelle, des logements pour les chevaliers, des maisons d'hôtes, un scriptorium et une porte d'entrée monumentale.

Un centre économique et agricole majeur

La richesse de la commanderie de Slijpe reposait en grande partie sur l'exploitation agricole de ses vastes domaines. Les Templiers y pratiquaient l'élevage de chevaux, comme en témoigne le toponyme "Merrieweede" (le pré aux juments), et la culture de céréales, attestée par la présence d'un moulin sur le site. La gestion rigoureuse de leurs terres et de leurs biens a permis aux Templiers de Slijpe d'accumuler une richesse considérable et d'exercer une influence économique notable dans la région.

Dissolution de l'Ordre et passage aux Hospitaliers de Saint-Jean

L'histoire de la commanderie de Slijpe connut un tournant décisif avec la dissolution de l'Ordre du Temple. Sur ordre du roi de France, Philippe IV le Bel, et avec l'aval du pape Clément V, les Templiers furent arrêtés en 1307. Leurs biens furent confisqués et, pour la plupart, transférés à un autre ordre de chevalerie, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (futur Ordre de Malte).

La participation des Templiers de Flandre à la Bataille des Éperons d'Or en 1302, aux côtés des insurgés flamands - bataille qui se solda par la défaite cuisante de l'armée de Philippe le Bel - et le refus des Templiers de France d'apporter leur aide au roi, est l'une des causes les plus probables de la dissolution de l'Ordre en 1307.

La commanderie de Slijpe ne fit pas exception. Après une période d'abandon, elle fut reprise par les Hospitaliers et connut une nouvelle période de prospérité. Cependant, son importance déclina progressivement à la fin du XVIIIe siècle.

Destruction et héritage contemporain

Vendue comme bien national pendant la Révolution française, l'ancienne commanderie fut transformée en ferme. La chapelle des Templiers servit même de grange au XIXe siècle. Le coup de grâce fut porté durant la Première Guerre mondiale, où le "Groot Tempelhof" fut entièrement détruit. La ferme fut reconstruite en 1921 selon les plans de l'architecte Heyneman.


L'ancienne commanderie transformée en ferme


Malgré les destructions, l'héritage des Templiers à Slijpe et dans les environs reste palpable. Le nom "Groot Tempelhof" et la "Tempelhofstraat" témoignent de cette présence historique. Des fouilles archéologiques menées sur le site ont permis de mettre au jour des vestiges, dont un urinoir en verre du XIIIe siècle, témoignant des connaissances médicales de l'époque. La mémoire des chevaliers est également honorée par des œuvres d'art, comme la statue d'un chevalier sur un rond-point à Slijpe et des peintures murales dans l'église Saint-Nicolas, inspirées par l'histoire des Templiers et des Hospitaliers.

(Sources diverses)


Fresque templière d'Arno Brys en l'église Saint-Nicolas de Slijpe
(Photo Paul Hermans)


Fresque templière d'Arno Brys en l'église Saint-Nicolas de Slijpe
(Photo Paul Hermans)


Fresque templière d'Arno Brys en l'église Saint-Nicolas de Slijpe
(Photo Paul Hermans)


Le Templier d'Eric Baeyens au rond-point
de la Diksmuidestraat et de la Spermaliestraat à Middelkerke
(Photo Paul Hermans)



ANNEXE 


BREF HISTORIQUE DE L'ORDRE DU TEMPLE


L'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, plus connu sous le nom d'Ordre du Temple, fut le premier ordre religieux et militaire de l'histoire chrétienne. En moins de deux siècles, il est passé d'une petite milice dédiée à la protection des pèlerins à une puissance militaire, économique et financière incontournable en Europe et en Terre Sainte, avant de connaître une fin tragique et brutale qui a nourri sa légende jusqu'à nos jours.

Existence : Naissance d'un Ordre Nouveau (1120-1129)

L'histoire des Templiers commence à Jérusalem vers 1120, dans le contexte de la première croisade et de la fondation des États latins d'Orient. Les pèlerins chrétiens qui affluaient vers les lieux saints étaient fréquemment attaqués et détroussés sur les routes. Pour pallier cette insécurité, un chevalier champenois, Hugues de Payns, et quelques compagnons, se regroupent pour former une milice. Ils prononcent des vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, s'engageant à protéger les voyageurs.

Le roi de Jérusalem, Baudouin II, leur accorde son soutien et leur octroie une partie de son palais, situé à l'emplacement de l'ancien Temple de Salomon, d'où ils tireront leur nom de "Templiers".

Cependant, leur statut reste précaire jusqu'en janvier 1129, date à laquelle l'Ordre est officiellement reconnu et sa règle approuvée lors du concile de Troyes. Cet événement, soutenu par l'influence de l'abbé Bernard de Clairvaux, marque la naissance légitime d'un concept radicalement nouveau : celui du moine-soldat, un religieux autorisé à verser le sang pour la défense de la foi.

Les buts : D'une mission de protection à une puissance globale

La raison d'être originelle de l'Ordre était purement militaire et charitable : 

° Protection des pèlerins : Leur mission première consistait à sécuriser les routes de la Terre Sainte.

° Défense des États latins d'Orient : 

Très vite, les Templiers deviennent le fer de lance de l'armée chrétienne, participant activement aux batailles des croisades et à la Reconquista dans la péninsule Ibérique. Ils construisent et tiennent de nombreuses forteresses stratégiques.

Pour financer ses opérations militaires, l'Ordre se dote d'une structure logistique et économique sans précédent. Grâce aux très nombreux dons fonciers qu'il reçoit à travers toute l'Europe, il se constitue un immense réseau de domaines agricoles et de monastères fortifiés : les commanderies. Cette organisation remarquable donne naissance à de nouveaux buts, qui accroissent sa puissance :

°Gestion agraire et commerciale : Les commanderies deviennent des centres de production agricole et de commerce très performants. Les bénéfices sont systématiquement réinvestis pour financer l'effort de guerre en Orient (armes, chevaux, nourriture).

°Innovation financière : Les Templiers développent un système de lettre de change, ancêtre du chèque de voyage, permettant aux pèlerins et aux rois de déposer de l'argent dans une commanderie en Europe et de le retirer en Terre Sainte, sécurisant ainsi les transactions. Ils deviennent les banquiers des puissances de l'époque, gérant même parfois le trésor royal.

L'Ordre était organisé en trois groupes : les chevaliers (issus de la noblesse), les frères servants ou sergents (non-nobles), et les chapelains (prêtres). Tous arboraient une croix rouge pattée cousue sur leur manteau, blanc pour les chevaliers et noir ou brun pour les sergents.

La Destinée : Une chute brutale et une postérité légendaire

La perte de Saint-Jean-d'Acre en 1291, dernier bastion chrétien en Terre Sainte, marque un tournant fatal. Rapatriés en Europe, les Templiers perdent leur principale raison d'être militaire. Leur puissance financière, leur indépendance (ils ne rendaient de comptes qu'au Pape) et le secret qui entourait leurs rites d'initiation suscitent alors jalousie et méfiance.

Le roi de France, Philippe IV le Bel, lourdement endetté auprès de l'Ordre et soucieux de renforcer son pouvoir face à une institution aussi influente, orchestre leur chute. Le vendredi 13 octobre 1307, il fait arrêter massivement tous les Templiers de son royaume. Un procès inique s'ensuit, où, sous la torture, les accusés avouent les crimes les plus infâmes (hérésie, idolâtrie, sodomie).

Malgré les rétractations ultérieures de nombreux frères, le Pape Clément V, sous la pression du roi, finit par céder. Le 22 mars 1312, lors du concile de Vienne, l'Ordre du Temple est officiellement aboli. 

Ses biens sont en grande partie dévolus à un autre ordre militaire, les Hospitaliers. Le grand-maître, Jacques de Molay, et d'autres dignitaires sont brûlés vifs à Paris en 1314, en proclamant l'innocence de l'Ordre.

La dissolution brutale de l'Ordre, la disparition supposée de son trésor et le mystère entourant ses activités ont donné naissance à d'innombrables mythes et légendes qui perdurent encore aujourd'hui, assurant aux Templiers une place unique et fantasmée dans l'imaginaire collectif.



° Le commerce maritime à Bruges au Moyen Age

 

Le Spiegelrei vers 1400, dans le quartier de la Hanse, 
centre névralgique des activités portuaires à Bruges au Moyen Age
(La Loge des Bourgeois, au bout du Spiegelrei, sera terminée en 1417)


LE COMMERCE MARITIME A BRUGES AU MOYEN AGE


Au Moyen Age, période florissante pour la cité flamande, les installations portuaires de Bruges se concentraient dans ce qui correspond aujourd'hui au quartier de la Hanse, situé au nord-est du centre-ville historique. Ce quartier était le point névralgique du commerce international qui a fait la richesse de la ville.

À cette époque, Bruges était reliée à la mer du Nord par le Zwin, un bras de mer navigable qui permettait aux navires de remonter jusqu'à des avant-ports comme Damme. Les marchandises étaient ensuite transbordées sur des embarcations plus petites qui naviguaient sur un réseau de canaux, les "reien", pour atteindre le cœur économique de Bruges, qui devint l'un des ports commerciaux les plus importants d'Europe.

(Suite au raz-de-marée de 1134, le Zwin s'est allongé jusqu'à Damme, ville reliée à Bruges par un canal).

Les activités portuaires se déroulaient le long des quais qui sont encore visibles de nos jours. Parmi les lieux emblématiques de ce port médiéval, on retrouve :

° La Place Jan van Eyck, qui était à l'époque une plaque tournante portuaire animée.

° Le Spiegelrei et le Gouden-Handrei, qui bordent le canal de la Reie et servaient au chargement et au déchargement des marchandises.

° La Oosterlingenplein, où se trouvait le comptoir des marchands allemands de la Hanse.

° Le Spaanse Loskaai, témoignant des intenses relations commerciales avec la péninsule ibérique.

Ce quartier abritait également les loges des nations commerçantes étrangères, comme les Florentins et les Génois, ainsi que la première bourse au monde, attestant de l'importance financière de Bruges à cette période. C'est donc en se promenant aujourd'hui dans le quartier de la Hanse que l'on foule les pavés de l'ancien port qui a fait de Bruges l'un des principaux carrefours commerciaux de l'Europe médiévale.

Vers 1500, l'ensablement du Zwin ne permit plus aux navires marchands d'atteindre Damme et Bruges, ce qui mit un terme au rayonnement commercial de ces villes.


° Les effets en Belgique d'un réchauffement climatique au Moyen Âge

 



L'OPTIMUM CLIMATIQUE MÉDIÉVAL

Les effets en Belgique d'un réchauffement climatique au Moyen Âge
 

L'Optimum Climatique Médiéval (OCM), également connu sous le nom de "période chaude médiévale" ou "anomalie climatique médiévale", fut une période de climat relativement chaud, principalement ressenti dans la région de l'Atlantique Nord et en Europe occidentale, s'étendant approximativement du IXe au XIVe siècle (environ 800 à 1300 de notre ère), avec un pic de chaleur souvent situé autour de l'an 1000. Cette période se caractérisait par des étés plus chauds et des hivers généralement plus doux dans le nord de l'Europe, ainsi qu'une diminution des événements météorologiques extrêmes et une pluviométrie plus régulière, favorable à l'agriculture.

Il est important de noter que l'OCM n'était pas un phénomène global uniforme, et les températures les plus chaudes n'ont pas été ressenties simultanément partout dans le monde. Dans certaines régions, comme le Pacifique, il a pu faire plus frais qu'aujourd'hui durant cette période. Les températures moyennes de l'hémisphère Nord durant l'OCM étaient considérablement plus élevées que celles du Petit Âge Glaciaire qui a suivi, mais n'auraient pas atteint le niveau des températures du début du XXIe siècle à l'échelle mondiale.

Conséquences générales dans les régions qui formeront la future Belgique :

L'amélioration des conditions climatiques pendant l'Optimum Climatique Médiéval a eu des répercussions significatives en Belgique, notamment en Flandre, qui était alors l'une des régions les plus densément peuplées d'Europe, et aussi dans la vallée mosane.

Expansion agricole et croissance démographique : 

Le climat plus clément a favorisé une expansion agricole notable. Les rendements agricoles étaient plus stables, ce qui a soutenu une croissance démographique importante en Europe, la population ayant triplé entre 1000 et 1347 de notre ère (en 1347, début de la Grande Peste Noire, qui provoque le décès de 25 millions de personnes en Europe).

En Belgique, on a vu se développer la culture de la vigne dans des régions où elle était auparavant absente. Ces conditions favorables ont également permis une meilleure alimentation, contribuant à un allongement de l'espérance de vie.

Expansion de la viticulture :

L'un des effets les plus marquants de ce climat plus doux et plus stable fut l'expansion significative de la viticulture. La culture de la vigne, (déjà introduite par les Romains pendant "l'Optimum Climatique Romain", 250 av. J.-C. à 400 apr. J.-C.), a connu au Moyen Âge un véritable essor le long des coteaux de la Meuse, notamment dans les régions de Liège, Huy et Namur. Des documents historiques attestent de la présence de nombreux vignobles gérés principalement par des institutions religieuses telles que les abbayes et les chapitres canoniaux. Ces établissements monastiques, grands propriétaires terriens, ont joué un rôle crucial dans le développement et le perfectionnement des techniques viticoles. Le vin produit n'était pas seulement destiné à la consommation locale et liturgique, mais faisait également l'objet d'un commerce florissant, contribuant à la richesse économique des cités mosanes.

Les premières mentions écrites de vignobles dans la vallée de la Meuse apparaissent dès le IXe siècle. Des textes officiels de 815 attestent déjà d'une viticulture simultanée en Flandre et en Wallonie, notamment à Huy et à Vivegnis, près de Liège (Cf. Joseph Halkin, Étude historique sur la culture de la vigne en Belgique, Liège, 1895).

Au fil des siècles, la viticulture mosane connaît un véritable âge d'or, s'étendant le long des coteaux bien exposés de la Meuse et de ses affluents comme l'Ourthe, l'Amblève et le Geer. Des villes comme Liège, Huy, Namur et Dinant deviennent des centres viticoles importants. Huy, en particulier, est souvent décrite comme une véritable "cité vigneronne", avec des vignobles couvrant ses flancs dès le IXe siècle.

De nombreux noms de lieux-dits, de rues ou de parcelles gardent la mémoire de cette ancienne activité viticole. Des noms comme "les Vignes", "Vivegnis" (qui viendrait du latin vignis), ou encore des noms de rues comme "rue des Coteaux", sont des héritages directs de ce passé.

Des découvertes de pressoirs à vin ou de leurs éléments, ainsi que des "vide-bouteilles" (petites constructions dans les vignes) sont des témoignages matériels de la vinification. Un exemplaire de pressoir à vin est par exemple conservé au Musée Communal de Huy. De même, des structures architecturales liées au stockage et à la consommation du vin dans les abbayes et les châteaux peuvent être considérées comme des preuves indirectes de l'important développement de la viticulture dans la région mosane.


Pressoir à vin moyenâgeux au Musée Communal de Huy


Une exposition intitulée "Vignes et vin en vallée mosane du Moyen Âge à nos jours", organisée par la Maison du Patrimoine Médiéval Mosan, à Bouvignes, en 2010, a mis en valeur cette histoire au moyen de textes anciens, de représentations iconographiques, d'outils et d'objets liés aux traditions et aux activités de la vigne. Cette initiative souligne l'existence d'un patrimoine matériel, bien que sa documentation archéologique précise reste un champ d'étude pour les spécialistes.



Récolte du raisin  au cours de l'OCM (Reconstitution)


Défrichements et poldérisation - Développement de l'industrie textile : 

La forte croissance démographique et la demande accrue en terres cultivables ont entraîné d'importants défrichements des forêts et la conversion de terres marécageuses. Dans les "Pays-Bas" (incluant la Belgique actuelle), de nouvelles terres ont été gagnées sur les zones humides côtières par drainage, créant des polders. Ces nouvelles terres, initialement salées, étaient particulièrement propices à l'élevage ovin.

L'objectif principal de cet élevage n'était pas la viande, mais la production de laine. Dès le haut Moyen Âge, les communautés monastiques et les comtes de Flandre ont encouragé le développement des marais côtiers et des dunes en pâturages pour les moutons. La laine produite localement a alimenté la naissance et l'essor de la prestigieuse industrie drapière des villes flamandes comme Bruges, Gand et Ypres. La qualité de cette laine a permis aux artisans de tisser des draps de luxe qui s'exportaient dans toute l'Europe, faisant la richesse et la renommée de la région.


Le commerce maritime à Bruges, fin XIIIe siècle (Reconstitution)


Cependant, le succès fulgurant de l'industrie textile a créé une demande en laine si importante qu'elle a rapidement dépassé les capacités de production locale. Dès le XIIe siècle, malgré l'importance de l'élevage local, la Flandre a dû se tourner vers l'importation massive de laine, principalement d'Angleterre, pour satisfaire les besoins de ses nombreux métiers à tisser.

Développement urbain et commercial : 

L'augmentation de la production alimentaire et de la population a stimulé le développement des bourgs et des petites villes, ainsi que l'urbanisation générale du continent. Cela a également relancé le commerce et l'artisanat.

Le Zwin comme exemple :

Coïncidant avec le début de cette période plus chaude, la côte belge a connu une phase de transgression marine, connue sous le nom de "Dunkerque III", succédant à un phénomène de recul marin connu sous le nom de "régression carolingienne". Bien que d'une ampleur moindre que les précédentes, cette avancée de la mer du Nord, datée autour du Xe et XIe siècle, a remodelé le littoral. Les marées ont pénétré plus profondément à l'intérieur des terres, réactivant d'anciens chenaux et en creusant de nouveaux.


Les transgressions marines Dunkerque I, Dunkerque II et Dunkerque III
(Cartes établies par J. Amerijckx en F. Depuydt)


Le Zwin, un estuaire à la frontière belgo-néerlandaise, est un exemple marquant des dynamiques côtières et humaines de cette période. En 1134 de notre ère, une forte onde de tempête a rouvert un ancien estuaire, le Sincfal, donnant naissance au Zwin. Cette nouvelle voie navigable a permis à la ville de Bruges, située à l'intérieur des terres, de devenir l'une des principales villes portuaires médiévales d'Europe. D'autres villes comme Damme, Sluis (L’Écluse) et Sint Anna ter Muiden se sont également développées le long du Zwin.

(Actuellement réduit à un bras de mer d'une avancée de 1 kilomètre dans les terres, le Zwin sera long d'une vingtaine de kilomètres à partir de 1134).


Le Spiegelrei vers 1400, dans le quartier de la Hanse,
centre névralgique des activités portuaires à Bruges au Moyen Age
(Illustration)

Concernant l'influence directe du climat de l'OCM sur le Zwin, les études indiquent une élévation du niveau de la mer dans la région de l'Atlantique Nord. Le niveau de la mer en Europe occidentale aurait augmenté d'environ 1,0 à 1,6 mètre durant l'OCM, avec certaines estimations allant jusqu'à 2,0 mètres, avant de redescendre pendant le Petit Âge Glaciaire. Une étude des marais salants de la côte atlantique des États-Unis montre une élévation du niveau de la mer de 0,6 mm par an entre 950 et 1400 de notre ère, attribuée à la chaleur médiévale. Des variations locales du niveau de la mer et du climat, plus marquées et ressenties, ont été notées aux Pays-Bas, une région géographiquement et historiquement liée à la Belgique.

Cependant, à partir de la fin du XIIIe siècle, le chenal du Zwin a subi un ensablement progressif. Vers 1500, cette ensablement a rendu la voie navigable inutilisable, coupant ainsi le port de Bruges de la mer. Bien que l'ensablement soit un processus naturel pour les estuaires, l'interaction entre les variations du niveau de la mer dues à l'OCM et les dynamiques sédimentaires locales est complexe. Certaines interrogations suggèrent que la fin de l'Optimum Climatique et le début du Petit Âge Glaciaire, avec une éventuelle baisse ultérieure du niveau marin moyen due à la reformation des glaciers, pourraient avoir accentué l'ensablement et contribué au recul de la mer pour des ports comme Bruges.


Le Zwin à la fin du Moyen Age


En résumé, l'Optimum Climatique Médiéval, caractérisé par des températures plus douces et des conditions agricoles favorables, a eu un impact profond sur la Belgique. Il a stimulé une croissance démographique et économique, favorisé l'expansion agricole, notamment par des défrichements et la poldérisation, et permis l'introduction de nouvelles cultures comme la vigne. Le Zwin, formé par une tempête au début de cette période, a vu son importance croître en tant que porte d'entrée maritime pour Bruges, avant que l'ensablement progressif, potentiellement influencé par les dynamiques climatiques régionales et les changements du niveau de la mer vers la fin de l'OCM, ne le rende impraticable pour la navigation.


(Sources diverses)


° Les avancées et reculs de la Mer du Nord sur le littoral belge

 

LES TRANSGRESSIONS MARINES DUNKERQUE I 

ET DUNKERQUE II 

Quand la Mer du Nord façonnait la côte belge...



Transgression marine Dunkerque I 
Le littoral belge entre 5500 et 2000 avant J-C.
La ligne noire indique la position actuelle de la côte belge.
La partie bleue indique l'avancée de la Mer du Nord dans les terres.
Les villes, inexistantes à ces époques, donnent un aperçu des espaces considérés. 


Transgression marine Dunkerque II 
Le littoral belge entre le 3ème et le 8ème siècle après J-C.
La ligne noire indique la position actuelle de la côte belge.
La partie bleue indique l'avancée de la Mer du Nord dans les terres.
Les villes donnent un aperçu des espaces considérés.
Les parties jaunes indiquent la position des dunes, émergées ou immergées. 

(Cartes établies par J. Amerijckx et F. Depuydt)

Les transgressions marines, baptisées "Dunkerque I" et "Dunkerque II", représentent deux épisodes cruciaux dans l'histoire géologique et géographique du littoral belge. S'inscrivant dans la grande remontée des eaux post-glaciaire, la transgression flandrienne, ces avancées de la Mer du Nord ont profondément sculpté la plaine côtière, laissant une empreinte durable sur le paysage et l'occupation humaine.

Dunkerque I : Les fondations sous-marines de la plaine côtière (5500 à 2000 av. J.-C.)

La première transgression dunkerquoise est une phase longue et complexe de la montée des eaux qui a vu la Mer du Nord envahir progressivement les basses terres, créant notamment le Pas de Calais. Pour le littoral belge, cet événement a principalement jeté les bases de la future plaine côtière.

Durant cette période, la mer a déposé d'importantes couches de sable, pouvant atteindre 25 à 30 mètres d'épaisseur, sur ce qui était alors un paysage de basse altitude. Cependant, les sédiments de la transgression Dunkerque I n'affleurent aujourd'hui nulle part dans la plaine maritime belge, ce qui rend leur étude directe plus complexe. Leur présence en profondeur témoigne de cette première grande incursion marine.

Cette longue période ne fut pas une montée des eaux continue. Des phases de recul de la mer, appelées régressions, ont permis aux cours d'eau descendant de l'intérieur des terres d'apporter des vases argileuses et ont favorisé le développement de la végétation, conduisant à la formation de couches de tourbe.

Dunkerque II : L'archipel flamand et la naissance du paysage actuel (IIIe au VIIIe siècle apr. J.-C.)

D'une importance capitale pour la géographie actuelle de la côte belge, la transgression Dunkerque II fut une avancée marine beaucoup plus brutale et visible. Débutant vers le IIIe siècle, elle a vu la mer rompre le cordon dunaire qui s'était formé et envahir la plaine tourbeuse sur une profondeur pouvant atteindre 10 à 15 kilomètres.

Cette inondation a radicalement transformé le paysage, le découpant en un vaste système de chenaux de marée et créant une multitude d'îles à partir des dunes les plus élevées et de quelques buttes. La toponymie actuelle conserve de manière frappante la mémoire de cet archipel :

Middelkerke ("église du milieu")

Westende ("extrémité ouest" de l'île)

Oostende ("extrémité est" de l'île)

Ces noms témoignent de l'existence d'une île qui s'étendait alors entre les actuelles Westende et Ostende. De même, Dunkerque ("église des dunes") faisait partie de ce chapelet d'îles côtières.

Lors de cette transgression, la mer a recouvert non seulement les zones de la transgression précédente mais aussi une partie des terrains plus anciens datant du Pléistocène. Les zones de la plaine côtière belge où les dépôts de la transgression Dunkerque II sont encore visibles en surface sont connues sous le nom de "Oudland" (vieille terre).

Cet événement a eu des conséquences majeures :

Érosion et sédimentation : La mer a d'abord fortement érodé les couches de tourbe existantes avant de déposer des sédiments argileux et sableux qui ont progressivement comblé les chenaux.

Habitat humain : La région, qui connaissait une occupation humaine durant la période romaine, a été largement abandonnée face à l'avancée des eaux.

La "régression carolingienne"

À partir du VIIIe siècle, une nouvelle phase de retrait de la mer, la "régression carolingienne", a commencé. Ce recul progressif, combiné à l'ensablement naturel, a permis aux habitants de revenir et d'entreprendre les premiers grands travaux de poldérisation, marquant le début d'une longue lutte pour gagner des terres sur la mer, une caractéristique fondamentale de l'histoire du littoral belge.

La "régression carolingienne" aura lieu entre le VIIIe siècle et le XIe siècle, suivi d'une "transgression marine Dunkerque III" (conjointe à un épisode de réchauffement dit Optimum Climatique Médiéval), d'une ampleur moindre que les deux précédentes (mais qui donnera lieu à des phénomènes de forte intensité comme, par exemple, le percement du Zwin jusqu'aux abords de Bruges, suite à un raz-de-marée), pour aboutir, suite à divers ensablements et travaux de barrages, à la situation actuelle.

(Sources diverses)


VOIR AUSSI

Le Zwin au Moyen Age - Le raz-de-marée de l'an 1134


° La bataille de Louvain en l'an 891

 



LA BATAILLE DE LOUVAIN EN L'AN 891


FRANCS CONTRE VIKINGS


La bataille de Louvain, également connue sous le nom de bataille de la Dyle, s'est déroulée en septembre 891, opposant les forces de la Francie orientale aux Vikings près de l'actuelle ville de Louvain en Belgique. Cette confrontation a marqué une victoire décisive pour les Francs, mettant fin à une période d'intenses raids vikings dans la région.

Contexte de la Bataille

Depuis les années 880, les Vikings avaient établi un camp fortifié à Louvain, utilisant cette position stratégique comme base pour lancer des incursions dévastatrices dans le royaume franc, alors fragmenté et affaibli par des troubles politiques internes. Après avoir subi une défaite significative en Angleterre face à Alfred le Grand, les Vikings cherchaient de nouveaux territoires à piller, se tournant vers le continent européen. Le roi de Francie orientale, Arnulf de Carinthie, monta sur le trône en 887 et se donna pour mission de mettre un terme à ces incursions normandes qui terrorisaient les populations.

Les Belligérants

L'armée franque était dirigée par le roi Arnulf de Carinthie. Les sources indiquent qu'il rassembla une force considérable d'environ 10 000 hommes, un nombre important pour l'époque. Les Vikings, quant à eux, étaient menés par deux chefs danois, Sigfried et Gotfried. Leur camp à Louvain était bien retranché, protégé d'un côté par un remblai de terre et de l'autre par la rivière la Dyle, offrant une défense naturelle. On estime que l'armée viking comptait environ 3 000 hommes.

Déroulement de la Bataille

Les Francs se sont approchés du camp viking de manière inattendue. Selon le Chronicon de Réginon de Prüm, les Vikings, conscients de leur position avantageuse, auraient initialement nargué les contingents francs, rappelant leur récente victoire à Geule et promettant un sort similaire. Arnulf, bien qu'enragé, a d'abord hésité en raison de la position supérieure de l'ennemi. Cependant, il a finalement ordonné à sa cavalerie de descendre de cheval pour rejoindre les fantassins et former une phalange.

Arnulf de Carinthie employa une stratégie audacieuse et efficace. Il divisa son armée, ordonnant au gros de ses troupes de contourner le camp viking et de prendre l'ennemi par surprise depuis la Dyle, tandis que le reste de ses forces attaquaient par le remblai de terre. Ce plan fonctionna à la perfection. Les Francs, parvenant à pénétrer les retranchements ennemis, prirent rapidement l'avantage sur les Vikings désorganisés.

Conséquences

La bataille de Louvain fut une victoire écrasante pour la Francie orientale. Des milliers de Vikings furent tués, et 16 de leurs étendards furent capturés. Bien que certaines sources aient pu exagérer le nombre de victimes vikings (parlant parfois de 100 000), il est indéniable que leurs pertes furent considérables. Selon la légende locale, les couleurs rouge et blanc du drapeau de la ville de Louvain représenteraient les rives ensanglantées de la Dyle après cette bataille.

Après cette défaite cinglante, les Vikings abandonnèrent la région. Si certaines chroniques suggèrent qu'ils seraient revenus brièvement à Louvain à l'été 892, la famine et la peste les auraient ensuite poussés à émigrer vers l'Angleterre et la Normandie. La bataille de Louvain est considérée comme un événement majeur qui a mis un terme aux grandes incursions vikings au cœur de l'Europe. Elle fut un tournant, démontrant la capacité des Carolingiens à repousser efficacement les envahisseurs normands. La fête foraine de Louvain, qui a lieu le premier dimanche de septembre, trouve son origine dans cette bataille.

(Diverses sources)



° Les Bokkerijders (ou Chevaliers du Bouc) dans le Limbourg du 18e siècle

 



LES BOKKERIJDERS

Les Bokkerijders, ou "Chevaliers du Bouc", sont une figure emblématique et controversée de l'histoire du Limbourg et des régions avoisinantes, en particulier en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne, au XVIIIe siècle. Leur histoire est un mélange complexe de brigandage criminel, de légende populaire et de répression judiciaire brutale.

Origines du nom et légendes populaires

Le nom de "Bokkerijders" trouve son origine dans la croyance populaire selon laquelle ces brigands auraient pactisé avec le diable, leur permettant de chevaucher des boucs à travers les airs pour commettre leurs méfaits. Cette légende, souvent associée aux sabbats de sorcières et autres pratiques diaboliques, était un moyen pour ces bandes d'effrayer les populations et de dissimuler leurs déplacements rapides. Des dictons locaux illustrent cette idée, comme "Par-dessus la maison, par-dessus le jardin, par-dessus la clôture et cela jusqu'à Cologne dans la cave à vin !". Le terme "bokkerijders" fut officiellement utilisé pour la première fois lors d'un procès en 1774 dans le village hesbignon de Wellen, où Johan van Muysen se présenta comme membre de ces "chevaliers du bouc" dans une lettre de menace.

Période d'activité et étendue géographique

Les activités des Bokkerijders se sont déroulées, avec des interruptions, entre 1730 et 1798. La période la plus intense de leurs actions se situe entre 1730 et 1774. Ils opéraient principalement dans les "Landen van Overmaas" (territoires de l'Outremeuse) et l'ancien comté de Loon, des régions qui constituent aujourd'hui le Limbourg belge et néerlandais, le Pays de Herve, la région des Fourons, les environs de Liège, la Campine belge et néerlandaise, ainsi que certaines zones frontalières allemandes près d'Herzogenrath. Cette fragmentation politique de la région, divisée entre diverses puissances (France, République des Provinces-Unies, Espagne, Autriche), a pu favoriser le brigandage en grandes formations.

Activités et méthodes

Les Bokkerijders étaient des bandes de voleurs, d'extorqueurs et d'individus commettant des vols violents. Leurs cibles privilégiées étaient les fermes isolées et les presbytères de campagne. Ils utilisaient souvent des lettres de menace, appelées "brandbrieven" (lettres d'incendie), pour exiger de l'argent sous peine d'incendier les propriétés. Au fil du temps, certaines de ces bandes ont acquis une réputation comparable à celle de Robin des Bois aux yeux de certains, bien que cela soit aujourd'hui largement nuancé.

Contexte social et politique

Le XVIIIe siècle fut une période de bouleversements. La croissance démographique, le déclassement social et l'accumulation des richesses ont pu contribuer à l'essor du brigandage. Les Bokkerijders recrutaient leurs membres au sein de la population locale, initialement motivés par la pauvreté. Des rumeurs suggèrent que les dernières bandes auraient pu être influencées par les idéaux de la Révolution française, bien que cela reste l'objet de débats. La justice de l'époque était souvent défaillante, avec des tribunaux locaux (schepenbanken) peu qualifiés et une procédure de jugement critiquée par les autorités de Bruxelles.

Répression et procès

La répression contre les Bokkerijders fut particulièrement féroce et impitoyable. Des centaines de personnes furent accusées et des aveux étaient fréquemment extorqués sous la torture, conduisant à de nombreuses condamnations, parfois pour des délits mineurs. Les méthodes de torture incluaient la "territie" (menace de torture pour intimider), l'utilisation du "duimschroef" (serre-pouces) et la "strappade" (suspension par les bras attachés derrière le dos). Les peines étaient souvent capitales et théâtrales, incluant la pendaison, la strangulation, la roue et le démembrement. Les noms de certains "Bokkerijders" condamnés sont connus, tels que Gabriël Brühl (pendu en 1743), Joseph Kirchhoffs (pendu en 1772) et Joannes Arnold van de Wal (pendu en 1789). Il est aujourd'hui admis qu'une grande partie des quelque 1 200 personnes accusées et 500 condamnées étaient innocentes, leurs aveux ayant été obtenus sous la contrainte. Les autorités, notamment les "drossaards" (officiers de justice) comme Jan Mathijs Clercx à Bree, sont devenues célèbres pour leur lutte contre ces bandes. La conquête française de la "Belgique" et de la rive gauche du Rhin en 1794-1795 a balayé les institutions répressives traditionnelles, marquant la fin de cette période de brigandage et de répression.

Héritage culturel

Malgré la controverse et la brutalité de leur histoire, les Bokkerijders font aujourd'hui partie du patrimoine culturel immatériel du Limbourg. Ils ont inspiré de nombreuses œuvres de folklore et de littérature, des bandes dessinées comme "Les Chèvraliers" de Bob et Bobette, à des séries télévisées et des comédies musicales. Des monuments et des plaques commémoratives existent dans la région, notamment à Valkenburg aan de Geul. L'étude des Bokkerijders continue d'offrir une vision complexe de la justice, de la superstition et de la société dans les régions transfrontalières à l'époque moderne.

(Diverses sources Internet)


° Le Zwin au Moyen Age - Le raz-de-marée de l'an 1134

 

(Carte établie par Philippe Gaillard)

LE ZWIN AU MOYEN AGE

Et le raz-de-marée de 1134


Actuellement, le Zwin, autrefois nommé Sincfal, est un bras de mer de 1 km de longueur entre Knokke et Cadzand, à la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas.

En 1134, pendant la période de réchauffement dite Optimum Climatique Médiéval (OCM), un raz-de-marée crée un bras de mer - le Zwin donc - qui s'étend sur une vingtaine de kilomètres jusqu'aux abords de Bruges, ce qui permet à cette ville de devenir l'un des plus grands ports commerciaux d'Europe.

A partir de la fin du XIIIe siècle, le chenal du Zwin a subi un ensablement progressif. Vers 1500, cette ensablement a rendu la voie navigable inutilisable, coupant ainsi le port de Bruges de la mer.


NB :  1) L'Ecluse = Sluys.

         2) L'île de Wulpen disparaît à la fin du 16e siècle.


La région du Zwin au 13e siècle

L'estuaire du Zwin au 21e siècle (Photo Denis Saulnes)


° La Foire d'Octobre à Liège en 1890

 

Le carrousel à vapeur Specktaet à la Foire d'Octobre à Liège en 1890


LA FOIRE D'OCTOBRE A LIÈGE VERS 1890

Les photos de Jules Martiny


Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1889)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Une aubette de tram au boulevard de la Sauvenière (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Marchand de crème glacée au boulevard d'Avroy (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre au boulevard d'Avroy (Photo Jules Martiny 1891)

Liège - Carrousel à vapeur à la Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - La Grande Roue à la Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1891)

Liège - Badauds à la Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Un "Hercule" à la Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Le Trink-Hall du parc d'Avroy (Photo Jules Martiny 1891)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)

Liège - Foire d'Octobre (Photo Jules Martiny 1890)